Ponyo sur la falaise (Gake no Ue no Ponyo) de H. Miyazaki
Sortie en France : avril 2009
Sortie au Japon : 2008
Musique : Joe Hisaishi
Un petit garçon de cinq ans nommé Sosuke habite une maison nichée au sommet d’une falaise. Elle surplombe la mer ainsi qu’un village de pêcheur.
Un matin, alors qu’il descend jouer sur la plage avec son petit bateau, il découvre Ponyo, un petit poisson à tête humaine, coincée dans un bocal en verre. Il la sauve en brisant le bocal et en la plaçant dans un seau d’eau. Il promet de s’occuper d’elle et de la protéger. Mais le père de Ponyo, le magicien Fujimoto, la force à revenir avec lui dans son palais sous la mer. Bien décidée à revenir à la surface pour retrouver Sosuke, Ponyo s’échappe et part à sa rencontre.
Analyse :
H. Miyazaki nous propose ici un monde onirique qui nous permet de nous évader un temps de la dure réalité. En effet, il s’agit de ce que nous pourrions qualifier de « film-conte » puisqu’il n’est pas question ici de malédiction ni de monstre à combattre. Ce film ressemble plutôt à un conte merveilleux avec son univers enfantin et coloré.
C’est cette idée que défend le réalisateur lui-même en affirmant que ce film traite de l’histoire « d’un petit garçon et d’une petite fille, d’amour et de responsabilité, d’océan et de vie et d’essence fondamentale ».
Ce film est clairement une transposition du conte de Hans Christian Andersen, La petite sirène. En effet, de nombreux éléments y font référence : Ponyo est mi-poisson, mi-humaine, et elle rêve de connaître les humains ainsi que la vie à la surface. Elle désobéit à son père et s’enfuit pour pouvoir vivre son amour avec un humain. Elle se transforme en humaine grâce à de la magie. Et enfin, comme dans le conte d’Andersen, Sosuke doit l’aimer en retour pour qu’elle survive et ne se transforme pas en écume.
Les références s’arrêtent là, car H. Miyazaki a dépassé ce conte pour y insérer sa touche personnelle. En effet, il a mis l’accent sur l’univers enfantin : les héros sont des enfants de cinq ans, ce qui est souligné par leur attitude et leur langage. Ponyo parle d’elle à la troisième personne comme les petits enfants et met en avant ce qu’elle veut. Les éléments merveilleux typiques du conte sont présents. Nous avons : le magicien Fujimoto, la magie, la déesse de la mer. De plus, malgré le cataclysme qui s’abat sur la ville, tout le monde est sain et sauf, personne ne semble s’inquiéter de ce qui vient de se produire. Le monde de l’enfance est aussi mis en avant dès le générique qui privilégie des dessins très enfantins.
Le réalisateur évoque aussi des thèmes qui lui sont chers :
La pollution des océans avec le bateau de pêche au début du film qui racle le fond de la mer pour enlever les déchets qui la jonchent. Durant cette manœuvre, de nombreux poissons meurent happés par le filet. Cette pollution est également mise en avant lorsque Fujimoto tente de rattraper la voiture où sont Ponyo et Sosuke. En effet, il nage dans l’eau du port qui est boueuse et où se trouvent de nombreux déchets.
Le passage du monde des humains à celui des esprits grâce au tunnel. Tout comme dans Le voyage de Chihiro, les héros passent par un tunnel pour changer de monde et retrouver ceux qu’ils aiment. Le retour au monde des humains est toutefois plus simple que dans Le voyage de Chihiro. En effet, dans ce dernier, Chihiro doit passer une épreuve pour gagner son retour alors que dans Ponyo le passage est ouvert et les personnages peuvent librement aller de l’un à l’autre.
La vieillesse et la mort : le regard est serein face à la vieillesse, ici présentée à travers la maison de retraite. Le message est que la vieillesse n’est pas une fatalité et qu’elle peut permettre de faire des activités encore dynamiques. À la fin, les vieilles dames décident de délaisser leur fauteuil roulant pour parcourir le monde. La mort apparaît aussi comme quelque chose qu’il ne faut pas craindre. Le passage d’un monde à l’autre montre qu’elle est douce et que « ce n’est pas si terrible que ça ». C’est une vision sereine déjà évoquée dans Le château ambulant, où Sophie aborde sereinement sa vieillesse forcée et se questionne au sujet de la mort, qu’elle finit par accepter.
Finalement, Ponyo sur la falaise est un film rafraîchissant qui se regarde avec plaisir et nous fait renouer avec notre âme d’enfant.
Ayame Aoki
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