Et si on regardait : Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann
Le pitch
Le shérif Will Kane (Gary Cooper) est en train de se marier. Il compte donner sa lettre de démission pour partir en voyage de noces avec son épouse Amy (Grace Kelly). Mais juste après son mariage, Will apprend que Miller (Ian Macdonald), un bandit qu’il a arrêté et emprisonné, arrivera par le train de midi pour se venger. Il ne reste qu’une heure à Kane pour trouver de l’aide, alors que beaucoup de monde la lui refuse.
7 raisons qui vous feront regarder ce film :
ce film constitue un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma. Pourquoi ? Parce qu’il n’en est pas réellement un.
Le western, au sens classique du terme, est une histoire qui prend part dans l’Ouest Américain, durant le XIXème siècle, et qui montre l’installation des pionniers dans des contrées inconnues pour eux. Logiquement, le western amène généralement un scénario traitant plus ou moins de la lutte de territoire entre les « méchants » Indiens et les « gentils » militaires ou pionniers.
Ici, le scénario traite d’une histoire plus personnelle au protagoniste et qui s’éloigne des scénarii traditionnels : un shérif qui attend qu’un criminel arrive par le train. Le film tient plus du western spaghetti que du western américain pour cette raison, ce qui ravira les détracteurs du genre. Laissez-vous tenter !
« Le train sifflera trois fois » joue habilement avec le spectateur. Zinnemann apporte la nouvelle du retour de Miller au début de l’histoire, ce qui crée un suspense soutenu durant quasiment toute la durée du film. Cette attente est l’objet de la motivation des actions de Kane, mais aussi son obsession première : le temps joue contre lui et il doit planifier une résistance rapidement.
Dès lors, le spectateur se sent impliqué immédiatement dans cette histoire aussi inattendue qu’efficace et qui instaure un rythme soutenu tout le long du film. Vous ne vous ennuierez pas !
« Le train sifflera trois fois » se dresse contre beaucoup de clichés. Concernant les personnages, on a les « gentils » villageois et les « méchants » bandits qui sont présentés au début du film.
Mais les choses ne sont pas aussi simples. Bien que les bandits restent des bandits méprisables durant toute la durée du film, les villageois, quant à eux, se transforment lentement mais surement en « méchant ». Au fur et à mesure que Kane cherche désespérément de l’aide pour se protéger de Miller, les villageois refusent cette aide les uns après les autres. Ils pourraient aider le shérif, c’est leur devoir premier, mais ces personnages classiquement bons sont dépourvus de toute qualité communautaire. Ainsi, deux personnages proposent de l’aide à Kane : un ivrogne borgne et un adolescent, les deux personnages qui ne sont pris au sérieux par personne dans le village. C’est une belle bagarre contre les clichés du genre !
Gary Cooper est un acteur américain très célèbre dans le cinéma hollywoodien des années 40 et 50. Il a tourné principalement dans des films noirs et des westerns, deux genres très appréciés à cette époque, d’où sa popularité.
Si vous ne le connaissez pas, ce film est un bon point de départ pour découvrir ce formidable acteur. Pourquoi ? Gary Cooper est d’une crédibilité déconcertante en shérif aux abois et nuance beaucoup son personnage, tiraillé entre la peur et le courage. Un jeu superbement puissant qui lui valut le second Oscar de sa carrière.
Parce qu’il n’y a pas que Gary Cooper dans le film, les autres acteurs valent le détour. On ne peut passer à côté de la ravissante Grace Kelly. Même si son personnage est assez secondaire, elle a le mérite d’apporter un peu de nuance à un personnage qui aurait pu être fade.
Le second acteur qui vaut le coup est Lloyd Bridges, qui est le père des acteurs Beau et Jeff Bridges. Lloyd campe ici un antagoniste intéressant. Alcoolique, son personnage est opportuniste et lâche. Lloyd Bridges possède donc un rôle plus sérieux que dans ses rôles célèbres de « Y-a-t-il un pilote dans l’avion ? » ou « Hot Shot ». Il offre ici une composition intéressante à ne pas manquer.
Vous connaissez sûrement Lee Van Cleef. Cet acteur a baladé sa trogne de méchant dans beaucoup de westerns, avant de devenir réellement célèbre dans les westerns spaghettis de Sergio leone : « Et pour quelques dollars de plus » et « Le bon, la brute et le truand ». Si vous n’aimez pas les westerns, vous l’avez peut-être vu dans le brillant film de science-fiction « New York 1997 » de John Carpenter, dans lequel il possède un rôle assez important.
Dans « Le train sifflera trois fois », Lee Van Cleef fait une de ses premières apparitions à l’écran. L’une de ses premières, car l’acteur a joué également dans deux autres films moins connut : « Victime du destin » et « Untamed frontier ». C’est l’occasion de voir les débuts de cet acteur aussi charismatique que talentueux, même s’il n’a pas beaucoup de répliques !
Le film aborde une thématique intéressante à plus d’un titre : l’individualisme sociétal. Est-ce qu’une personne peut compter sur l’aide d’autrui pour se sortir d’une situation grave ? Est-ce que, même en représentant une haute instance que la loi, les gens se décideront à vous aider ? Est-ce que les gens font passer leur propre personne avant celle du groupe ? Est-ce qu’il reste des gens altruistes ?
Toutes ces questions sont soulevées durant le film, jusqu’au final aussi intéressant qu’inattendu, qui laisse derrière lui une morale douteuse au sujet d’autrui et de la société, mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus du genre (ensemble, on est plus fort) et nous faire réfléchir sur notre propre société. Vous l’aurez compris, « Le train sifflera trois fois » soulève une thématique diablement contemporaine. Le film n’a donc pas vieilli et vous pouvez donc le regarder sans aucun problème !
Alors, et si on regardait « Le train sifflera trois fois » de Fred Zinnemann ?
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