L’île de Giovanni, film de Mizuho Nishikudo
Genre : animation, drame, historique
Sorti le 28 mai 2014
Durée : 1h42
Disponible en DVD et Blu-ray
La guerre et après.
Je suis bouleversée. Je crois que je n’ai pas autant pleuré devant un film d’animation depuis Toy Story 3. Et si on veut être sectaire et ne parler que d’animation japonaise, alors c’est le Tombeau des lucioles qui remporte la palme. L’île de Giovanni mérite sa place parmi les meilleurs films de ces dernières années, et de loin. Tout y est sujet à l’admiration et à la réflexion.
Le film se base sur des faits réels, l’annexion par l’URSS des îles Kouriles, dont Chikotan fait partie. Le sujet est toujours d’actualité, car dès que la domination américaine s’est arrêtée, le Japon n’a eu de cesse d’en réclamé la rétrocession aux Russes. Si ceux-ci ont accepté que les Ainus, l’ethnie originaire de ces îles puissent y revenir à l’occasion, ce qui sera le point de départ du film, la Russie considère les Kouriles trop stratégiques pour les rendre.
Mais assez de géopolitique, intéressons-nous plutôt à Jumpei et son petit frère Kanta, les deux jeunes protagonistes. Les deux enfants seront les témoins impuissants et privilégiés de l’arrivée des Soviétiques sur l’île et des difficultés que cela va engendrer, en terme de privations de libertés et de rationnement de la nourriture. Tatsuo, leur père, seule autorité locale de l’île depuis la défaite, et Hideo, leur oncle un peu roublard essaient d’aider les habitants, chacun à leur façon.
L’arrivée des familles des soldats russes, et en particulier de Tanya, va, étonnamment, alléger l’ambiance. Au-delà de la tension et de la méfiance, Jumpei va découvrir et intégrer à sa vie quotidienne la culture russe grâce à la petite fille. Un adulte dirait qu’il se renie et renie ses origines en fréquentant Tanya, mais un enfant ne se soucie pas de ce genre de choses. Jumpei va s’ouvrir, découvrir l’amour et la joie simple de passer du temps avec l’être aimé.
L’histoire de Jumpei et Kanta est étroitement liée à une nouvelle de Kenji Miyazawa que leur mère, puis le père leur lisaient régulièrement, Train de nuit dans la Voie lactée qui raconte comment Giovanni et Campanella se retrouvent à voyager dans un étrange train qui roule à travers les étoiles. Jumpei et Kanta, dont les noms sont inspirés par ces personnages, les réutiliseront d’ailleurs pour se présenter à Tanya.
Le fait d’intégrer cette histoire à la vie des enfants rend l’ambiance à la fois moins lourde et plus fantastique, à mesure que les déboires s’accumulent et que même aux heures les plus sombres et grises, l’espoir et la joie ne sont jamais loin. Tout est lié, même la ville où le hasard de l’exil entraînera les enfants et leurs proches.
C’est pour ça que, contrairement au Tombeau des Lucioles, je pourrais revoir l’ile de Giovanni. Parce que ce film n’est pas seulement amer et dur, mais regorge de moments légers et heureux, que mes connaissances acquises sur cette partie de l’histoire du Japon éclairent encore d’une lumière nouvelle. J’ai adoré chercher les symboles et les petits bonheurs de la vie de Jumpei et Kanta, même si je sais maintenant qu’il me faudra un bon paquet de mouchoirs pour revoir ce film.
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