Sin-City-2-Affiche
S’il y a bien une chose que l’on doit reconnaître en Frank Miller, c’est son génie graphique. Issu du milieu underground des 70’s, il marque le monde du comics de sa patte incomparable. Il a fait les beaux jours de Daredevil, révolutionné Batman, ressuscité Elektra, revisité les Thermopyles de 300 et surtout sublimé le polar noir avec Sin City. Un noir et blanc aussi tranché donnant des images incroyablement sombres et stylisées font de cette série une œuvre vraiment à part. Lorsque le réalisateur Robert Rodriguez annonce qu’il prépare une adaptation cinématographique, personne ne croyait au résultat. Et pourtant, en 2005 celui qui n’était connu que pour la série des « El Mariachi » et « Spy Kids », signe un chef-d’œuvre d’originalité grâce à la complicité de l’auteur Frank Miller comme coréalisateur. Longtemps annoncé, toujours repoussé, le deuxième volet de Sin City arrive sur nos écrans avec comme histoire centrale « J’ai tué pour elle ».

Lors de l’une de ses enquêtes en tant que détective privé, Dwight croise le chemin d’Ava Lord, une femme qu’il n’avait pas revue depuis des années et avec qui il avait eu une liaison mouvementée. Celle-ci le convainc de l’aider à se débarrasser de son mari qui manifestement la violente régulièrement. Dwight va sombrer dans une spirale de violence et de trahison qui va lui coûter son visage. Il lui faudra l’aide de l’imposant Marv et des filles de la vieille ville pour planifier une vengeance à la hauteur de sa haine mêlée à son amour pour la dame pour qui il a tué. Entre temps, Nancy ne se remet pas de la mort de Hartigan et plonge dans l’alcoolisme, rongée par la volonté grandissante de tuer le sénateur Roark, responsable du drame qu’elle a vécu et de la mort de son protecteur. L’aide de son ami Marv lui permettra de mettre au point un plan d’attaque. Le sénateur devra d’abord se faire respecter d’un jeune et audacieux joueur de poker dont la chance insolente fait de l’ombre à sa réputation de caïd.

Avec ce nouveau film, Robert Rodriguez et Frank Miller mettent la barre très haute. Le premier volet était déjà impressionnant dans son esthétique. L’œuvre graphique de Miller est ici magnifiée avec comme précédemment un noir et blanc très contrasté teinté de temps en temps par de petites touches de couleurs çà et là. Très sombre, ce film a la particularité de montrer des histoires qui ne se passent QUE la nuit, ce qui accentue la noirceur de la ville et surtout de ses habitants plus inquiétants les uns que les autres. De nombreux personnages évoluent tout au long du film. Aussi contrastés que les images elles-mêmes. On trouve quelques grands noms parmi les rôles de second plan et si on reconnaît aisément Lady Gaga et Ray Liotta, Stacy Keach est en revanche méconnaissable sous l’impressionnante couche de maquillage. Autre visage oblige, c’est Josh Brolin qui campe ici un Dwight torturé par les sentiments contradictoires pour Ava Lord interprétée par Éva Green très convaincante en dangereuse femme fatale. Avec la disparition de Michael Clarke Duncan, le rôle de Manute est finalement attribué à Dennis Haysbert qui apparaît alors bien plus imposant que l’on peut supposer. On notera l’excellente prestation de Powers Boothe qui vit littéralement son rôle de caïd impitoyable, mais également le jeu très juste de Jessica Alba incarnant une Nancy en pleine métamorphose. Bruce Willis apparaît de temps en temps histoire de donne la juste atmosphère pour la descente aux enfers de Nancy. Mais il est clair que Sin City 2 a été fait pour Mickey Rourke. Omniprésent, Marv se déchaîne. Ce personnage devient indispensable à cette ville noire. Rourke s’en donne à cœur joie et cabotine légèrement donnant à son personnage une présence de poids, l’ouverture du film lui étant entièrement consacrée.

Conçu comme une œuvre graphique, Sin City a été étudié pour la 3D. Un très gros travail a été effectué sur les perspectives. Si les personnages évoluent de manière linéaire, le décor est, lui, entièrement pensé en 3D. Des plans comme celui en plongée de Marv à côté d’une grille sont anodins, mais on a vraiment l’impression que les piques de cette grille jaillissent de l’écran. De nombreux autres plans composés bénéficient de cette même perception. Ajoutez à cela un son soigné et profond, et vous obtenez un tout cohérent et très impressionnant.

Robert Rodriguez et Frank Miller nous offrent avec « J’ai tué pour elle » un deuxième volet de Sin City réussi et le duo pense déjà à un troisième film et peut être une série TV. Affaire à suivre.