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Drame
Date de sortie : 06 novembre 2013
Réalisé par : Lucia Puenzo
Avec : Alex Brendemuhl, Natalia Oreiro, Diego PERETTI…
Durée : 1h33min
Pays de production : Argentine / France
Année de production : 2012
Titre original : Wakolda
Distributeur : Pyramide Films
Mes pas m’ont dirigé une nouvelle fois vers l’Utopia Toulouse en ce week-end pluvieux, annonciateur de l’hiver. Après avoir hésité avec le dernier film des frères Coen, j’ai opté en fin de compte pour un film argentin. J’aime le cinéma argentin, surtout lorsqu’il permet de plonger dans l’univers glacé et désertique de la Patagonie. Peut-être parmi vous, certains ont-ils eu la chance de voir « Historias minimas », un bijou de Carlos Sorin. Eh bien, en ce moment, et pour encore un mois, on passe à l’Utopia « Le médecin de famille », de Lucia Puenzo, film qui a représenté l’Argentine au Festival de Cannes de cette année. Si je devais classer ce film dans une catégorie, je créerais pour lui celle de « drame oppressant ». Je ne vais surtout pas vous raconter l’histoire, il faut que vous la découvriez par vous-même, pour ressentir la montée de la tension jusqu’à la scène finale qui vous laisse dans un sentiment d’impuissance avec un arrière goût amer. Je vais juste vous décrire l’ambiance. L’action se passe dans le décor somptueux du désert de Patagonie, un désert froid, une terre aride. Là, près de la petite ville de Bariloche, se trouve un lac d’une grande beauté enchâssée au milieu de montagnes recouvertes de glaces et au bord de ce lac, une immense demeure qui fut un hôtel.

Finalement, l’essentiel de l’histoire va se passer dans cette maison à l’architecture néo-gothique. Nous sommes en 1960, cela aura son importance. Une famille argentine part en voiture du nord du pays pour la Patagonie afin de s’installer dans cette maison et y refaire vivre un hôtel. Il y a le père Enzo, la mère Éva et leurs trois enfants, dont la plus petite Lilith qui a douze ans, au visage fin et au regard extraordinairement intelligent, mais qui n’en paraît que huit, elle est vraiment petite, trop pour son âge. Et c’est la rencontre fortuite de Lilith avec un inconnu qui s’avère être un médecin et qui, lui aussi doit se rendre en voiture à Bariloche, qui va déclencher toute l’histoire, laquelle va croiser l’Histoire avec une majuscule, celle qui a fait de notre vingtième siècle l’un des pires de notre Humanité.

Cet homme est obsédé par la recherche de la pureté et va s’intéresser à lilith qu’il souhaite pouvoir faire grandir par un traitement hormonal. Il va s’efforcer de gagner la confiance de la famille, et même si Enzo a envers lui une méfiance instinctive, il réussira à bien se faire admettre par Lilith et Éva. Pour cela il masquera sa véritable identité, que l’on ne découvre qu’à la toute fin du film, mais on sent qu’il s’agit d’un ange noir, porteur de malheur. Sous son élégance, son charisme, sa prodigalité, car il dispose toujours de beaucoup d’argent, la maîtrise parfaite de sa diction, on sent qu’il avance masqué et qu’il cache tout de son identité criminelle, aidée en cela par un réseau de complices.

Ce film pose une interrogation. Avant d’être une réalisatrice, Lucia Puenzo est une écrivaine et « Le médecin de famille » n’est autre que l’adaptation au cinéma de sa propre œuvre intitulée « Wakolda » qui amène à réfléchir sur ce que fut l’histoire contemporaine de l’Argentine. Il pose une interrogation qui reste obsédante et que je vous laisse le soin de formuler, car l’énoncer ici même serait vous donner la clef du film et je préfère que vous le viviez comme un thriller, comme un frémissement, aujourd’hui de peur, en d’autres temps cela aurait été de terreur. Je ne veux pas vous en dire plus, mais je vous invite à découvrir ce film. Il restera dans vos mémoires.