As I lay dying (Tandis que j’agonise)
Date de sortie : 9 octobre 2013
Réalisé par : James Franco
Avec : James Franco, Tim Blake Nelson, Danny McBride
Genre : Drame
Longtemps on garde en tête les images de ce film. La règle des trois unités, si chère à nos tragédies classiques, se trouve être respectée. Qu’on en juge, l’action se passe en deux jours, à l’aube du troisième tout est dit. Et quelle action ! Celle d’une mise en bière. Et le lieu, près de Jefferson, petite ville du Mississipi, en plein middle west. On est en 1930, c’est la Grande Dépression, chez des fermiers, une famille du sous-prolétariat, inculte mais vivant en respectant les règles de la société, très religieuse, avec le père, tout bossu et totalement édenté, la fille et les fils dont seul le plus jeune sortira indemne de ces deux jours dantesques. Ça commence fort, par l’agonie de la mère. Le film est tiré d’un roman de Faulkner, qui a travaillé comme ouvrier dans la région et qui en a respiré toute l’atmosphère envoûtante. Il pleut durant cette agonie, une pluie de tempête, chaude et drue, la mère écoute un scieur de long entre les éclairs. Ce scieur de long est Cash, l’un de ses fils, qui sous la pluie, à deux pas de sa chambre, scie les planches de son cercueil. Car la famille et la mère en tout premier, a admis la mort comme une chose naturelle, la dernière étape de la vie, qu’il faut assumer en respectant profondément les convenances religieuses. Donc, sous ses yeux, Cash prépare l’enterrement qui doit se faire le lendemain à Jefferson. C’est compter sans la tempête qui fait rage et interdit le passage de l’attelage des chevaux tirant la carriole transportant le cercueil. La tentative de passage de la rivière déchaînée est une montée de tension jusqu’au drame prévisible où tout est emporté et où ils se retrouvent des kilomètres plus bas déposés par le courant sur une plage avec la jambe de Cash fracturée. Cette fracture, banale pour quiconque aurait l’idée de consulter un médecin, va être le début d’une tragédie avec cette famille qui ne dispose pas de trois dollars devant elle. C’est un autre voyage vers le cimetière de Jefferson qui débute alors dans des conditions épouvantables, avec un attelage de rechange constitué de mules que l’on nourrit de sciure de bois pour économiser le fourrage, avec Cash qui serre les dents de douleur et se fait cimenter sa jambe pour économiser le prix d’un pansement, avec Jewell qui a perdu le rêve qui pouvait lui faire aimer la vie, avec la fille qui vit avec angoisse son drame personnel. Jusqu’au dénouement lorsqu’ils arrivent au cimetière de Jefferson avec leur attelage si puant de la décomposition du cadavre que les habitants mettent leur nez dans leurs mouchoirs et que les vautours tournent au dessus d’eux en espérant un bout de charogne. Ce que devra accepter la fille, ce qui arrivera à la jambe de Cash, ce qui attendra un autre fils qui prendra pour la première fois le train de sa vie mais pour la finir au pénitencier de Jakson, le plus jeune des enfants, pas encore sorti de l’enfance, le verra, et il verra aussi son père à l’aube de ce troisième jour où la mère a été enfin enterrée venir, tout fier d’avoir pu s’acheter un dentier en ville, avec sa nouvelle femme, une grosse paysanne qu’il présente à la famille, trop anéantie pour pouvoir avoir une réaction.
C’est l’anti-amérique, celle dont on ne parle presque jamais, pas celle des héros aux biceps bien huilés et à l’assurance sans faille, c’est l’histoire d’une famille de miséreux des années 30.
Le réalisateur, James Franco, use souvent de la technique des points de vue multiples avec le grand écran séparé en plusieurs petits écrans qui montrent chacun un point de vue différent d’une même scène.
Il faut absolument que vous alliez voir ce film, à l’Utopia. La prestation de l’acteur qui joue le père rendu bossu par le travail des champs et édenté est tout simplement hallucinante. La lumière, la tempête sur cette contrée sont filmées de façon magnifique. L’histoire est haletante, comme un thriller. Il faut voir les vautours tournoyer au dessus de cette famille portée par le désespoir, l’angoisse et aussi la volonté de respecter les enseignements de la religion. Car, là haut, le Seigneur rendra les hommes égaux.
C’est l’anti-amérique, celle dont on ne parle presque jamais, pas celle des héros aux biceps bien huilés et à l’assurance sans faille, c’est l’histoire d’une famille de miséreux des années 30.
Le réalisateur, James Franco, use souvent de la technique des points de vue multiples avec le grand écran séparé en plusieurs petits écrans qui montrent chacun un point de vue différent d’une même scène.
Il faut absolument que vous alliez voir ce film, à l’Utopia. La prestation de l’acteur qui joue le père rendu bossu par le travail des champs et édenté est tout simplement hallucinante. La lumière, la tempête sur cette contrée sont filmées de façon magnifique. L’histoire est haletante, comme un thriller. Il faut voir les vautours tournoyer au dessus de cette famille portée par le désespoir, l’angoisse et aussi la volonté de respecter les enseignements de la religion. Car, là haut, le Seigneur rendra les hommes égaux.
N’hésitez pas, allez-y!
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