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Date de sortie : 18 septembre 2013
Réalisé par : David Twohy
Avec : Vin Diesel, Karl Urban, Katee Sackhoff

Riddick (Vin Diesel) est laissé pour mort sur une planète hostile. Blessé et en grande difficulté, il va devoir survivre à une faune et une flore denses, agressives et dangereuses. Le furien décide, quelque temps plus tard de s’échapper de cet endroit, mais deux troupes de chasseurs de primes débarquent, bien décidés à empocher la prime avec eux. Dès lors, il se déroule un jeu du chat et de la souris dont Riddick se délecte avec impatience.

« Riddick » est un film miraculé. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’il a failli ne pas se réaliser. Le semi-échec des « Chroniques de Riddick » a refroidi les producteurs. Puis les années passent, les fans restent sur leur faim et perdent tout espoir d’un possible retour de leur anti-héros préféré. Certains vont même jusqu’à contacter Vin Diesel directement sur sa page à ce sujet. L’acteur aime les réseaux sociaux et gère lui-même sa page Facebook officielle. Un jour, un fan suggère une idée à la star : « Si on te donne tous 10$, tu pourras faire le film ». L’idée n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Vin Diesel et le réalisateur David Twohy ont alors réuni leurs efforts et leur argent pour pouvoir donner une suite au héros nyctalope. C’est ainsi qu’est né « Riddick », après neuf ans d’oubli. Le film est indépendant, car les studios n’ont donné que très peu d’argent à Twohy pour réaliser son film, la source d’approvisionnement venant directement des poches de Diesel et de Twohy.

Cette forme indépendante de cinéma possède quelques répercussions sur la substance en elle-même. Tout d’abord, on peut noter que le réalisateur a eu les mains entièrement libres pour réaliser « Riddick ». Il a pu exprimer librement sa vision du personnage et de l’histoire. Dans ce film, le héros (ou antihéros si vous préférez) se retrouve dans une situation extrême dès le début, accompagnée d’une entrée in média res dans l’action. Le spectateur est donc plongé violemment dans l’univers de Riddick, un univers sans concession, violent et abrupte.
À partir de là, il se dessine une structure ternaire assez égale, qui amène de la variété dans la trame et permet ainsi au réalisateur de mélanger les genres avec le genre prédominant : la science-fiction. La première partie du film est un côté « survival » en milieu naturel assumé, dans lequel Riddick se retrouve dans une situation extrême et en grande difficulté. Il doit survivre à une planète hostile. Beaucoup de codes du genre sont respectés (prédominance de la survie sur l’éthique, adaptation, etc.). Ceci permet enfin de voir Riddick en situation de survie, chose que le spectateur a entendu parler de la part du personnage dans les deux précédents films, mais jamais vraiment vue de lui-même. La seconde partie se rapproche davantage d’un film de « boogeyman », empruntant les codes du cinéma d’horreur de genre. En effet, ceci est un sous-genre du cinéma d’horreur, dans lequel un tueur prend pour cible un groupe et le décime. Dans cette seconde partie, il s’opère un changement de statut, les chasseurs deviennent les proies et inversement, ce qui se révèle très drôle à voir, du fait du déséquilibre entre les chasseurs de prime (moyens militaires à leur disposition et leur caractère vindicatif) et Riddick (ses moyens limités et sa tactique). Enfin, la troisième et dernière partie s’attache davantage à un « survival horror », un groupe d’hommes contre des animaux. Ces trois parties se mélangent au genre prédominant du film, la science-fiction, et permettent d’apporter de la variété aux situations traversées dans le film. Twohy n’a pas été obligé de formater son film dans un genre précis, contrairement aux « Chroniques de Riddick » qui possédait qu’un seul genre.

De plus, le rythme semble être une résultante du statut indépendant du film. En effet, il se trouve être plus posé que dans le second opus, et autant que dans le premier. On ne peut pas parler d’un film lent, car la narration est conçue avec une certaine maitrise, mais on peut parler d’un rythme qui prend le temps de montrer les choses et de les approfondir. Twohy a été entièrement libre, et n’a pas modelé son film autour d’un rythme épileptique, exigence sinéquanone du public actuel. La liberté du réalisateur passe également par la manière de montrer certaines scènes de violence. En effet, « Riddick » ne ménage pas le spectateur en termes de séquences violentes. Elles y sont à la fois nombreuses et crues, à grand renfort d’effets gores sanguinolents. De ce côté-là, Twohy met le paquet dans certaines scènes, qui ne sont pas très nombreuses par ailleurs.

Mais qui dit film à petit budget, dit forcément minimum de moyens. Cela se ressent dans les décors. La planète hostile offre un cadre assez monochrome et unique en huis clos. L’action se déroulant sur une seule planète, les décors se trouvent en nombre limité : cinq ou six extérieurs différents et deux intérieurs. Ce n’est pas un défaut en soi, mais une qualité qui permet au réalisateur de composer une histoire crédible avec un nombre de décors restreints, ce qui permet au film de se recentrer sur l’action, les personnages et l’ambiance. Cette dernière est assez bien travaillée, car elle est tantôt oppressante avec un huis clos étouffant, tantôt intimidante durant les scènes de survie. On se rapproche clairement de « Pitch black », ce qui donne quelques frayeurs intéressantes.

Les personnages sont assez intéressants, même si ils ne sont pas très approfondis. Le personnage principal, Riddick, gagne en substance. On découvre chez lui des aspects qu’on ne lui connaissait que très peu jusque là, des nuances intéressantes que je vous laisse découvrir. Mais, malheureusement, il n’y a que lui qui gagne en profondeur. Les autres personnages sont assez lisses, et n’apportent que peu de choses. Ils n’existent que par leur caractère, très stéréotypé au demeurant. Les jeux d’acteur sont assez inégaux, certains en faisant trop, d’autres pas assez. Vin Diesel sort du lot, il connait son personnage et le montre parfaitement.
Au final, « Riddick » souhaite revenir aux sources, ses meilleures : Pitch Black. Il y emprunte sa structure complexe qui croise plusieurs genres, ses situations vécues, son rythme posé et son ambiance particulièrement oppressante. Ceci est la plus grande force du film, même si quelques défauts sont présents.

On aurait tort de bouder « Riddick », ce grand miraculé cinématographique. Malgré ses quelques défauts, ce film possède des qualités intéressantes, comme sa structure complexe et son ambiance par exemple. En plus, Twohy veut faire amende honorable pour nous faire oublier le semi-échec des « Chroniques de Riddick » en retournant se ressourcer vers son original : Pitch Black. Une suite réussie, qui propose de clore la trilogie Riddick et qui permet de montrer qu’avec de la volonté, on peut sortir un film de qualité.

Ze info en plus : Vin Diesel a largement participé à la production du film, si bien qu’il a hypothéqué sa maison pour que le film puisse voir le jour. Un pari risqué qui semble porter ses fruits, car « Riddick » a enregistré un très bon démarrage lors de sa première semaine d’exploitation !