Ame et Yuki, les enfants loups (Ōkami Kodomo no Ame to Yuki)
Film d’animation de Mamoru Hosoda
sortie au japon le 21 juillet 2012
sortie en france le 29 aout 2012
Ce film d’animation est le troisième long métrage de Mamoru Hosada qui a réalisé auparavant La traversée du temps (2005) et Summer wars (2009). Il est sorti le 21 juillet 2012 au Japon et le 29 août 2012 en France.
L’histoire est racontée par Yuki, la fille d’Hana, devenue elle-même une jeune femme. Cette dernière narre donc l’histoire de sa mère, Hana, une jeune étudiante qui rencontre un jour Ookami, étudiant également et étrangement solitaire. Leur amitié débute lorsque, ayant remarqué qu’il ne possède pas de livres, elle lui propose de partager les siens avec lui. Petit à petit, ils tombent amoureux et de leur amour naissent Yuki et Ame. La petite famille vit cachée jusqu’au moment où Ookami disparaît brutalement. Hana tente alors de survivre mais il lui est de plus en plus difficile de vivre sans attirer l’attention des voisins. Elle décide alors de déménager à la campagne, dans une vieille maison isolée. Elle doit alors apprendre à survivre dans ce nouvel environnement et préparer ses enfants à entrer à l’école. Une nouvelle vie commence alors pour eux…
Avant de traiter des thèmes principaux de ce film, il est important de parler de la musique composée par Takagi Masakatsu. En effet, c’est un élément essentiel à l’histoire puisqu’elle la ponctue de sa présence ou de son absence.
Son absence à certains moments clefs du film renforce le caractère tragique des scènes décrites. Par exemple, lors de la mort d’Ookami, la musique s’arrête dès qu’Hana aperçoit son corps jusqu’au moment où elle se rapproche de lui, s’écroule et pleure. Le silence montre la détresse du personnage dont l’attention est focalisée sur le corps de son compagnon et dont les pensées sont vides à cause de l’horreur de la situation. A l’inverse, la musique joue un rôle important dans la description des vies d’Ookami et d’Hana après leur rencontre ainsi que de leur vie de couple. En effet, aucune parole n’est prononcée tout est racontée à travers les images et la musique. Le spectateur comprend sans peine le ressenti des personnages et cela donne un bel aspect poétique à l’histoire.
Plusieurs thèmes sont développés dans ce film : le premier grand thème est l’intégration. Il y a tout d’abord la tentative d’intégration sociale d’Hana et de ses enfants dans la ville. Mais elle échoue car Hana, pour cacher ses enfants-loups et préserver son secret, vit trop en marge de la société. Puis il y a leur tentative d’intégration dans un petit village de campagne, qui elle est une réussite grâce à l’aide de Mr Nirasaki qui leur permet de se lier d’amitié avec les autres villageois. Ainsi, Hana rompt avec sa solitude et forme ses enfants à cacher leur identité (ce qui est plus facile en vivant loin de voisins suspicieux). Mamoru Hosada privilégie donc une société rurale basée sur l’entraide et le partage. Il s’agit d’une société où l’individu n’est pas pris dans la masse, étiqueté ou ignoré et dont la personnalité est préservée.
Il y a ensuite l’intégration des enfants parmi les humains et le choix auquel ils sont confrontés : devenir humain ou loup. Yuki réussit cette intégration et choisit de s’intégrer dans la société humaine. A l’inverse, son frère rejette les hommes et choisit de devenir un loup. Ce thème, d’une manière plus universelle, représente l’évolution des enfants, de leur petite enfance à leur adolescence, ainsi que la construction de leur personnalité. Les enfants doivent accepter leur évolution, trouver leur place dans la société et affirmer leur personnalité.
Ce film met également en avant le thème de l’apprentissage. Il montre qu’un bon apprentissage de la vie ou de l’agriculture ne peut être uniquement théorique mais doit être complété par des conseils de personnes avisées. Par exemple, Hana tente d’apprendre l’agriculture avec des livres mais elle n’y parvient pas, c’est grâce à Mr Nirasaki qu’elle complète ses connaissances et parvient à produire ses propres légumes. De même, c’est en suivant les conseils avisés d’autres mères du village qu’elle trouve un emploi pour compléter ses économies. Ainsi, l’être humain ne peut survivre seul, il a besoin de ses semblables pour évoluer et compléter ses connaissances.
De même, la relation mère/enfants est également importante dans ce film. En effet, Hana fait tout ce qu’elle peut pour bien élever ses enfants et préserver leur futur choix. Elle se renseigne donc pour pouvoir les élever de manière humaine et animale. Elle n’hésite pas non plus à travailler dur pour assurer leur subsistance. Cependant, elle a dû mal à accepter le choix d’Ame qui souhaite à dix ans seulement partir pour la forêt et vivre comme un loup. Finalement, lorsqu’elle s’aperçoit que son fils se débrouille bien tout seul, elle finit par l’accepter même si c’est une décision douloureuse. Cette perception de la relation mère/enfants reste assez réaliste : elle présente les choix que doit faire une mère pour l’éducation et le bien-être de ses enfants. Elle montre aussi la difficulté de cette dernière à laisser ses enfants faire leurs propres choix, s’émanciper et finalement partir vivre leur vie.
Enfin, le thème de la nature est aussi primordial dans ce film. En effet, Mamoru Hosada montre l’importance de sa protection par les hommes à travers notamment le travail d’Hana qui est d’aider les gardes forestiers et par le loup qui en est le gardien (ce que va devenir Ame). Les hommes doivent donc s’adapter à la nature qui est parfois cruelle avec eux car ils ne la maîtrisent pas. Ainsi, ils sont victimes des animaux qui dévorent les cultures, des phénomènes météorologiques,… Mamoru Hosada met donc en avant une nature « sauvage » que l’homme doit apprivoiser, respecter et préserver.
Pour conclure, Mamoru Hosada propose ici un film abouti : la narration est dynamique et efficace, le dessin s’est affiné depuis La traversée du temps et les thèmes abordés sont plus approfondis que dans ses films précédents. Il est intéressant de remarquer que les thèmes traités ont un caractère universel qui porte à l’introspection : l’évolution des enfants, la relation de mère/enfants, la relation homme/nature, … Par conséquent, Mamoru Hosada propose un univers poétique qui invite le spectateur à la rêverie ainsi qu’à la réflexion et qui se rapproche petit à petit du grand maître en la matière Hayao Miyazaki !
Désolé, c’est son cinquième film et non son troisième.