CAPTAIN AMERICA 2 : LE SOLDAT DE L’HIVER
Après la destruction de la ville de New York dans le film « Avengers », nous retrouvons Steve Rogers (Chris Evans), alias Captain America, vivant tranquillement à Washington où il essaie de s’adapter au Monde moderne. Pas facile de rattraper un retard culturel long de plus de soixante ans ! La petite vie monotone du Captain va être mise à rude épreuve lorsqu’un de ses collègues du S.H.I.E.L.D est attaqué. Rogers devient alors la cible d’un complot de grande envergure, visant à renverser l’équilibre mondial. En fuite, Steve trouve de l’aide auprès de Black Widows (Scarlett Johansson) qui l’épaulera dans sa quête de vérité. C’est sans compter sur l’aide d’un nouvel allié, le Faucon (Anthony Mackie), que l’équipe pourra essayer de démêler les dessous de l’affaire. Mais en parallèle, un ennemi déterminé, coriace et puissant fait son entrée pour tuer l’équipe : le Soldat de l’Hiver. Qui est-il ? Que veut-il ? Pourquoi vouloir tuer l’équipe ?
Trois ans après sa première aventure et deux ans après les événements du film « Avengers », Captain America est de retour dans la suite du long-métrage qui est consacré à ses aventures. Pour cette seconde mouture, on remercie bien fort Joe Johnston, réalisateur du premier film, pour son travail établi dans le premier et on accueille les frères Russo, petits nouveaux dans la franchise Marvel. Anthony et Joe Russo veulent se démarquer du précédent opus et instaurent une atmosphère clairement différente des précédentes aventures du Captain. En effet, avec « Captain America : First avenger », Johnston jouait sur une ambiance rétro surannée assumée, appuyée sur le travail de la couleur de l’image et la reprise de clichés sur l’armée américaine notamment, qui conférait au film une atmosphère particulièrement agréable et jouissive. Le film sentait bon le divertissement décontracté et sans complexe, tout en possédant sa propre identité. Il introduisait le personnage de Steve Rogers avec réussite et son costume de manière intelligente.
Avec « Captain America : Le Soldat de l’Hiver », les frères Russo tiennent à se démarquer du film original. Cette différence se traduit par le biais d’une atmosphère très différente. A la différence du premier film, nous sommes ici transportés à notre époque. La fin du premier film amenait l’arrivée du long-métrage « Avengers », et un changement d’époque se faisait déjà : de la période 1939-1945 de la Seconde Guerre Mondiale nous passions à l’époque moderne. Steve Rogers a été retrouvé, décongelé et a perdu tous ses repères. « Avengers » enfonçait le clou et présentait le Captain comme un homme d’un autre temps, en appuyant sur ses lacunes culturelles évidentes qu’il essaie de rattraper tant bien que mal. Dans « Le Soldat de l’Hiver », nous nous trouvons donc logiquement dans l’époque moderne, avec les changements que cela suppose. Tout d’abord, il faut souligner le changement de genre du film. D’un film d’action d’une autre époque, les frères Russo préfèrent transposer leur récit dans le genre du thriller politique. Complots, machinations, manipulations sont les maîtres mots du récit. Il faut donc souligner l’intelligence des réalisateurs de jouer à fond la carte de la différence en choisissant un genre qui sied bien à leur récit. La Guerre n’est plus entre deux blocs bien distincts, elle est intestine. Ceci qui met en exergue l’obligation du Captain de s’adapter à cette guerre des temps modernes, lui, l’homme d’une autre époque. C’est alors que le film prend une tournure inattendue.
En effet, nous pourrions nous attendre à un film décomplexé et bourré d’humour. Or, le film change radicalement de ton avec son prédécesseur. On lutte pour sa survie, les enjeux sont politiques et internationaux et la chute de certaines personnes importantes est imminente. Avec ces éléments, le ton du film est s’empreint de maturité, de sérieux, ce qui confère une atmosphère unique par rapport aux autres films Marvel. Le spectateur sent vraiment la différence de tonalité qui se profile devant lui, ce qui se fait naturellement par le biais du scénario. Le film n’est pas dénué d’humour, il en possède comme les autres de la production, mais il est distillé avec parcimonie, au moment opportun, avec précision pour laisser le temps au scénario de s’installer et de prendre place dans le film.
Car, oui, le scénario est l’atout majeur de ce long-métrage ! Dans « First avenger », nous avions clairement un film linéaire, sans réelle surprise et manichéen au possible, mais nous le pardonnions avec plaisir tant le film était divertissant. Dans « Le Soldat de l’Hiver », nous avons un scénario plus riche en rebondissements, en coup de théâtre et en surprise. Les frères Russo amène un scénario riche en éléments scénaristiques qui renouvellent l’intérêt de l’intrigue assez souvent et essaie de ne pas tomber dans une linéarité facile qui handicape le genre. Le scénario est un mélange entre une création originale et une reprise de l’univers Ultimates des comics, qui se rapprochent davantage de notre époque actuelle. Ainsi, le mélange des deux éléments s’associe harmonieusement et donne une aventure très intéressante. De plus, le script introduit également de nouveaux personnages comme le Soldat de l’Hiver ou le Faucon et les fait cohabiter dans l’univers en leur donnant la possibilité d’exister. Ils ne sont pas de simples faire-valoir : ils possèdent leur propre rôle dans l’histoire et ils sont importants pour l’intrigue. Par ailleurs, l’histoire de ce film donne la possibilité aux personnages déjà présents d’être approfondis. Ainsi, on apprend beaucoup d’éléments de la vie de Steve Rogers, Black Widow et d’autres personnages, ce qui permet de rendre l’univers Marvel encore plus crédible et intéressant. Or, si le scénario est de qualité, on ne peut que regretter que certains éléments soient cousus de fil blanc, ce qui entache un peu la réception du récit, et les fans du Captain connaîtront déjà l’identité du Soldat de l’Hiver en ayant lu les comics de la collection Ultimates. Mais dans l’ensemble, le script est de bonne qualité et en surprendra plus d’un.
Par ailleurs, avec ce récit solide, le film est composé de nombreuses scènes d’action. On peut souligner la grande présence de celle-ci, qui s’associe bien avec l’histoire sans toutefois l’écraser. Elles ne manquent ni d’énergie ni de spectaculaire et raviront aussi bien les fans Marvel que les amateurs du genre. On ne peut regretter que certaines scènes d’action manquent parfois de lisibilité, la faute à un montage un peu trop rapide, voire épileptique par moments. De plus, ces scènes s’accompagnent d’effets spéciaux, cahier des charges d’un film Marvel à respecter ! Si les effets spéciaux se font assez discrets durant les trois quarts des scènes d’action, le dernier quart possède une surabondance d’effets numérique sur de nombreux plans du film. Un certain équilibre a été maintenu par les frères Russo, qui voulaient recentrer l’intérêt du spectateur sur l’intrigue durant tout le film et non sur les scènes d’action, ce qui est une bonne initiative.
Que serait le récit sans acteur ? Il ne faut pas les oublier ! Chris Evans connaît par cœur son personnage de Steve Rogers. Il le rend toujours aussi attachant et crédible. Scarlett Johansson reprend son rôle de Black Widow et lui donne quelques nuances supplémentaires. Anthonie Mackie est l’un des petits nouveaux dans l’écurie Marvel, il interprète et introduit le personnage du Faucon. À l’opposé du rôle de culturiste écervelé qu’il interprétait dans « No pain no gain » de Michael Bay, Mackie se débrouille assez bien pour rendre attachant son personnage. On pourrait rapprocher ce dernier du rôle de Don Cheadle dans « Iron man 3 » : un personnage secondaire épaulant le héros, étant efficace au combat et ayant un sens de l’humour très présent. Enfin, il faut noter la présence du grand Robert Redford, légende du grand écran qui joue pour la première fois dans un film Marvel. Il apporte de la classe à l’ensemble, même s’il semble parfois sur la réserve du fait de son âge avancé. C’est un avantage de l’avoir au casting !
« Captain America : le Soldat de l’Hiver » est un excellent film d’action, au scénario intelligent malgré ses lacunes, efficace et riche en rebondissement. Ce long-métrage apporte un atout indéniable à l’ensemble des films Marvel. Pas étonnant que les frères Russo rempilent pour « Captain America 3 » : ils sont arrivés à convaincre le studio et les spectateurs de leur travail de qualité. Surtout, il ne faut pas hésiter à aller voir « Le Soldat de l’Hiver » car c’est un très bon film. Sa bande-annonce ne lui rend clairement pas hommage !
Ze info en plus : Le tournage principal s’achève le 27 juin 2013. Début 2014, l’équipe de production se reforme pour tourner des prises de vues supplémentaires durant deux semaines. Cette pratique est devenue courante chez Marvel Studios depuis les tournages de « Iron man 3 » et « Thor : le monde des ténèbres ».
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