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Que dire de cette bande dessinée sinon qu’elle n’a probablement aucun d’équivalent.

Imaginez… Deux gentilshommes, un gascon, Armand de Maupertuis, intrépide, coureur de jupons, et toujours prompt à déclamer des vers et un hidalgo, Don Lope de Villalobos y sengrin, espagnol, fier, rempart de la chrétienté, andalou, empêtré dans un code de l’honneur d’une rigidité extrême. Tous les deux, flamboyants, fidèles en amitié, fines lames et possédant une chose unique et respectée de tous : le Panache.
Nos deux compères vont croiser une ingénue, un armateur avare, un amoureux transit, un valet débrouillard et rusé, des pirates, un roi, un Turc, une bohémienne, un lapin et, bien sûr, ingrédient incontournable de toute bonne histoire : un méchant, le capitaine Mendoza.

L’histoire commence à Venise, se poursuit sur les mers, passe par des îles mystérieuses et fera même un crochet par la Lune.

Que dire ? Que vous révéler ? Sans vous ôter le plaisir de découvrir l’histoire de ses deux « compadres » ?
Tout d’abord, que nos héros qui évoluent dans un monde qui rappellera la Comedia del arte, sont dessinés sous les traits d’un renard (Armand) et d’un loup (Don Lope), de nombreux personnages ont eux aussi des traits animaliers : certains pirates ont l’apparence de cochons, Eusèbe, fidèle compagnon, est un lapin, bref c’est une joyeuse ménagerie qui croise, des hommes sans scrupules, le fer et le verbe sur 10 volumes d’une histoire merveilleuse ou se mêlent des références à Jules Vernes, Molière, Rostand, Hugo Pratt, Cyrano de Bergerac, Racine et tant d’autres.

Si vous aimez la verve de Cyrano de Bergerac, l’avarice d’Arpagon, l’ambiance des films de cape et d’épée des années soixante et les machines complexes de Jules Vernes, vous serez comblés.

J’ai adoré suivre les aventures d’Armand et Don Lope.
Le premier m’a replongé dans Cyrano avec sa capacité à retourner les situations, déclamer des vers tout en combattant épée au poing, le deuxième vous renvoie à ces héros pétris d’honneur qui préfèrent mourir de faim que de se compromettre, qui se rangent toujours du côté des plus faibles et qui font parler le fer avant le verbe.

Tous les ingrédients sont réunis pour vous donner ce que peu ont vraiment la capacité de vous présenter : L’Aventure.
Celle qui vous arrache de votre quotidien comme une lame de fond arrache le marin en pleine tempête, celle qui vous projette si loin que vous vous surprendrez à parler en alexandrins, que votre canapé aura des airs de chébèque turque, que vous entendrez le clapotis des flots contre le bois de la cale de votre navire. L’Aventure, pas celle des grattes papier à la petite semaine, celle de Corto, d’Ulysse, de Cyrano et de Don Diego.

Panache, honneur et Aventure, que voulez-vous de plus ?