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Date de sortie : 26 décembre 2012
Réalisé par : Christopher McQuarrie
Avec : Tom Cruise, Rosamund Pike, Robert Duvall
Genre : Action , Drame , Thriller

Un homme armé d’un fusil de précision tire six coups de feu lors d’une après-midi, tuant cinq personnes au hasard. L’homme est arrêté. Toutes les preuves l’accusent. Lors de son interrogatoire, l’homme demande un certain Jack Reacher. Si la police le trouve, elle trouvera la solution. Jack Reacher se présente aux forces de l’ordre et désire enquêter sur l’affaire. A mesure que l’investigation avance, Reacher s’aperçoit que les faits sont bien plus complexes qu’ils paraissent être. La course pour la Vérité commence…

Jack Reacher, c’est avant tout une série de romans policiers, dont le septième opus est adapté au cinéma avec ce long métrage éponyme. Christopher McQuarrie possède cette lourde tâche sur les épaules. Les choix de mise en scène opérés sont intéressants. Le film se présente sous la forme d’un film de justicier, communément appelé « Vigilante ». Une victime, un héros vient le sauver et rétablir la Vérité. Le long métrage se fonde non pas sur l’identité secrète du personnage éponyme, qui est révélée dans le premier quart du film, mais dans l’enquête menée par Jack Reacher jusqu’au dénouement final. Ceci sent le déjà-vu, mais certains éléments sauvent le film du classicisme du film policier.

Tout d’abord, le personnage de Jack Reacher est très ambivalent, qui se présente comme à la fois un justicier, un enquêteur mais aussi comme un anti-héros moderne. Cet aspect est sans cesse joué dans le film avec l’omniprésence de l’autodérision de Reacher et également par son sens exacerbé de la justice, quitte à dépasser les limites. Le personnage n’hésite pas à outrepasser la loi pour punir ceux qui le méritent, ce qui est souligné par ses actions difficilement justifiables parfois.
Ensuite, on peut noter quelques perles cinématographiques. Au début du film, avant les tirs, nous avons droit à une absence totale de musique et à un point de vue interne du tueur, ce qui fait grimper la tension d’un cran. Les autres effets sont laissés à votre surprise mais on peut dire que McQuarrie peut faire preuve d’une mise en scène recherchée même dans un film d’un genre aussi populaire.

Enfin, McQuarrie joue la carte de la référence cinématographique des films policier américains des années 60 et 70, ce qui ravira les cinéphiles et peut faire découvrir des éléments aux novices. Commençons par le sujet du film. Il s’agit d’une tuerie opérée par un tireur isolée, qui blessent des personnes civiles innocentes. Outre le fait que le long métrage sorte une semaine après un drame aussi éprouvant aux Etats-Unis, on peut y voir un sujet qui fait les yeux doux à des films comme l’indémodable « Inspecteur Harry » de Don Siegel avec Clint Eastwood ou le méconnu « Un tueur dans la foule » de Larry Peerce avec Charlton Heston. Ces deux références commencent également par une tuerie qui constitue le point de départ d’une investigation, véritable fil conducteur du film. Mais McQuarrie ne s’arrête pas là et propose une course-poursuite avec une grosse cylindrée américaine. Il est à noter que la séquence est tournée sans effets numériques, comme dans les années 70, où les cascadeurs et les voitures étaient les éléments principaux de ces séquences. Tarantino souligna largement cette pratique lorsqu’il réalisa son « Boulevard de la mort ». Mais il faut remarquer que la séquence intervient au milieu du film, qui possède un rythme assez posé. On peut repérer une référence à « Bullit » de Peter Yates avec Steve McQueen ou à « French connection » de William Friendkin avec Gene Hackman. En effet, dans ces deux films, un rythme assez lent est instauré et coupé en plein milieu par une course-poursuite en voiture qui apporte une césure dans le rythme initial du film. Jack Reacher sent l’hommage aux films du genre, puise à l’intérieur de ces classiques pour y faire un léger clin d’œil subtil.

Pour finir, le casting est de qualité. En tête daffiche, on retrouve Tom Cruise qui incarne Jack Reacher et livre une interprétation soignée, qui donne corps à son personnage ambivalent et misanthrope. Rosamund Pike se débrouille convenablement, sans toutes fois livrer une performance mémorable. Nous retrouvons avec un grand plaisir Robert Duvall, qui semble s’amuser dans son rôle. A noter la présence du grand réalisateur Werner Herzog, en allemand sombre et inquiétant.
Pour résumer, Jack Reacher est un film policier au rythme posé, réfléchi, qui remplit son contrat avec succès grâce à une interprétation efficace de Tom Cruise et à des références cinématographiques pointues. Un film qui vous laissera un bon souvenir, avec quelques passages marquants, malgré une légère sensation de déjà-vu.

Captain Bobine