Les comics Marvel sont depuis 1969 parmi les plus populaires en France grâce à l’éditeur lyonnais LUG qui tente le pari fou de publier les séries jusqu’à lors inconnues de super héros issus de la maison des idées. Le succès aura un peu de mal à prendre au départ mais après l’arrêt de Fantask, LUG amorce ce qui deviendra une aventure éditoriale légendaire avec Strange et ce, malgré l’arrêt brutal de de la mythique revue Marvel. Vient ensuite des titres comme Spécial Strange, Titans, Nova et de nombreux albums parmi tout un tas de titres variés venant de l’écurie Marvel Comics. Grâce à ce pari fou finalement gagné, LUG donne envie à ses concurrents Arédit et Sagedition. Si le dernier se cantonne à deux ou trois titres Marvel, le premier se rue sur les titres laissés vacant par LUG. Les années soixante-dix et quatre-vingt deviennent deux décennies qui demeurent dans le cœur de tous les afficionados de comics les années d’un âge d’or. Quand Panini reprend Marvel France, il continue dans l’édition de revue en kiosque mais prend le risque calculé d’éditer des albums intitulés « Intégrales ». Avec cette publication en librairie, l’éditeur italo-français revient aux origines des séries Marvel en réutilisant au maximum le matériel des albums « Masterworks » US qu’il remonte parfois suivant le besoin. Ainsi on voit arrivé « Amazing Spider-man » et « X-men » qui va déclencher toute une campagne de réédition avec « Fantastic Four », « Avengers » et consorts.

L’actualité cinématographique ou télévisuelle joue pour beaucoup dans le choix des titres de cette collection.

Ainsi on voit « Iron-Man », « Captain America », « Thor », « Docteur Strange », « Les Gardiens de la Galaxie » ainsi que « Iron Fist » et « Inhumans » qui lorgnent vers les séries. En juin dernier Panini annonce sur les réseaux sociaux deux nouvelles intégrales pour la fin d’année en ne mentionnant qu’il s’agit d’un super héros new yorkais pour le premier titre et un autre qui vit beaucoup plus loin pour le second. La série Netflix « Luke Cage » a finalement convaincu Panini à se lancer dans une intégrale. L’arrivée imminente sur les grands écrans de « Captain Marvel » a clairement provoqué l’édition d’une intégrale du héros cosmique original au début de l’année prochaine. Mais le choix le plus surprenant et néanmoins le plus attendu de tous est sans nul doute « Silver Surfer », la série originale de Stan Lee et John Buscema en novembre prochain.

Il est donc tout naturel de retrouver régulièrement ces albums conséquents. Le premier titre de cette collection n’est autre que le nouveau tome des « Chroniques de Conan » réunissant la première moitié de l’année 1987 des aventures de Conan parue dans « Savage Sword of Conan » et et dont certains épisodes ont été publiés en France dans les années 90 par Semic. Avec ce nouveau volume Conan erre d’aventures en aventures croisant le chemin et le fer avec nombre de personnages exotiques. Il fait la connaissance du surprenant maître des épées. Il escorte un jeune prince pour une partie de chasse, ce qui le conduit à combattre une sorte de loup garou. Il affronte une peuplade sauvage avant de faire face à une bête monstrueuse sortie des enfers. Il prend de nouveau la mer en voguant vers la septième île du malheur. De nombreuses péripéties barbares orchestrées par Larry Yakata et Chuck au scénario et avec de somptueux dessins en noir et blanc de Gary Kwapisz et Andy Kubert. L’encrage d’Ernie Chan n’est pas sans rappeler les épisodes de John Buscema et Alfredo Alcala, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Ce tome nous permet d’apprécier la puissance graphique de tels dessins grâce au noir et blancs très prononcé avec un encrage relativement chargé par moments afin d’accentuer le côté sombre de la saga de Conan. Seul bémol les p^remières pages sont assez délavées et le noir de l’encre vire alors au gris foncé, ce qui est dommage. Mais nous nous consolons vite avec les autres épisodes dont le contraste est réellement fort.

Avec un deuxième tome consacré aux Defenders, Panini continue de nous emmener dans des aventures haletantes. Mais il faut reconnaître que les histoires sont relativement simples et sans surprise. Mais que demander de plus avec cette série sympathique qui a peuplé les pages des pockets comme « Etranges Aventures » et « Hulk » ? La menace qui hante les pages de cet album est essentiellement asgardienne. Dès le début, on plonge dans une intrigue fomentée par l’Enchanteresse qui manipule le Chevalier Noir afin d’arriver à vaincre un puissant sorcier qui a capturé les défenseurs. Elle en profite pour faire renaître la puissante Valkyrie qui se joint aux héros. Ses manigances permettent d’avoir le dessus sur le sorcier mais pas sans conséquence pour le Chevalier Noir. Mais la plus grande aventure qui attend les Défenseurs est sans conteste celle qui les oppose aux puissants Vengeurs. En effet, Loki, une fois de plus complote pour se débarrasser de son frère Thor tout en éliminant les Vengeurs. Ses manigances sont telles qu’il amène les Défenseurs à combattre les Venbeurs. Les combats sont violents et pas sans conséquence. L’affrontement entre Captain América et Namor est lourd de sens comptes tenus de leur passé commun pendant la seconde guerre mondiale. Le combat qui oppose Hulk et Thor est dévastateur et après plusieurs affrontements colossaux, les deux équipes se réunissent et font face à Loki et son allié du moment Dormammu. Si les épisodes des Défenseurs sont signés par l’incomparable duo Steve Englehart et Sal Buscema, les quelques pages des Vengeurs sont dessinées par Bob Brown sous les textes d’Englehart. Comme à l’accoutumée dans les intégrale Panini, le papier glacé des pages permettent de rehausser les couleurs qui ont alors un éclat fulgurant. Avec ce deuxième tome on redécouvre en couleurs et dans le format original des épisodes que l’on a connu uniquement en noir et blanc dans les célèbre pockets d’Artima.

C’est un grand bon dans le temps qui est effectué avec le nouvel album consacré à Nick Fury. Avec l’année 1988, on plonge dans une intrigue d’espionnage qui va conduire le super espion de Marvel à combattre sa propre organisation le S.H.I.E.L.D. Seul contre tous Nick Fury va être contraint de se battre contre ses amis et utiliser des méthodes encore plus tordus qu’avant. L’ombre d’Hydra n’est pas bien loin. 2crite par Bob Harras cette histoire hors norme est magnifiquement illustrée par Paul Neary avec des couleurs toutes en nuances mêmes lors des scènes sombre. Là aussi le papier glacé permet de bien distinguer les dessins et les couleurs car bien des pages sont sombres d’origine. Parue dans la collection privilège de Sémic au début des années quatre-vingt-dix et uniquement disponible par souscription, cette mini-série nous revient alors plus accessible car étant imprimée en plus grande quantité. Une opportunité à saisir afin de connaître ce personnage très atypique.

C’est un grand retour dans la collection Intégrales Panini. Les quatre fantastiques reviennent en force dans cette formule sous la plume de Roy Thomas et Rich Buckler. Avec les épisodes publiés en 1975 aux USA, ce nouveau volume palpitant nous entraîne dans des aventures que l’on a connues dans Nova pour la série régulière mais aussi dans les tous premiers Spécial Strange pour les pages issue de « Giant Size Fantastic Four ». Si le début nous replonge dans un flashback d’une aventure de la Torche et la Chose, on retrouve très vite L’équipe au grand complet avec l’absence de la Femme Invisible remplacée ici par Medusa. Les Fantastiques affrontent les quatre cavaliers de l’apocalypse puis retrouvent le Surfer d’Argent pour combattre une fois de plus le sinistre Docteur Fatalis. Ils croisent le chemin de l’étrange mutant 

Madrox qui a la particularité de se multiplier à chaque choc reçu. Seul le Professeur Xavier des X-Men leur permettra de neutraliser le mutant. Ils retrouvent pour un temps les Inhumains puis enchaînent avec un affrontement face au roi barbare d’une autre monde Arkon. Mais leur plus coriace adversaire est personnifié par le Croisé, qui dans son adolescence combattait le mal sous le nom de Marvel Boy dans les années cinquante. Si les histoires ont quelques rebondissements, elles n’en demeurent pas moins assez simples et plutôt reposantes malgré l’action incessante qui prédomine. La continuité est très respectée puisque les épisodes de « Giant Size Fantastic Four » s’intercalent parfaitement là où ils devraient être. Je ne parlerai pas des couleurs et de l’impression, car vous l’aurez compris il s’agit là aussi d’une intégrale Panini en papier glacé.

Là où on n’attendait pas Panini Comics France, c’est dans l’édition d’une série Marvel issue d’un magazine en noir et blanc parue aux USA chez Curtis Imprint sous licence Marvel Comics au milieu des années soixante-dix. A cette époque, l’éditeur américain faisait quelques adaptations en comics de plusieurs films, souvent de science-fiction et fantastique. On se souvient tous de l’album « La guerre des étoiles » paru chez LUG. On se souvient aussi de « Meteor » et des « Dents de la Mer 2 » en album et de l « Âge de Cristal » en pocket chez Artima. On se souvient également de « Rencontre du Troisième Type » Chez Sagedition ou de « Blade Runner » chez l’Echo des Savanes. Il y en a eu beaucoup et il faut savoir que la plupart sont arrivés dans l’hexagone. C’est le cas des films la « Planète des Singes » qui fut édité en France dans un magazine attitré chez LUG également. Respectant le format géant et en noir et blanc ce magazine devenu mythique proposait l’adaptation des films et

une série annexe. Cette dernière sera d’ailleurs remplacée par des épisodes de Doc Savage issus d’un magazine similaire américain. La revue de LUG est devenue très vite un objet de désir pour nombre de fans des films classiques mais également pour les afficionados de comics. Panini décide alors de tenter le pari d’éditer ces épisodes légendaires de « Planète des Singes ». Mais là on attendait les adaptations des films, on trouve l’intégralité de la série annexe « Terreur sur la Planète des Singes » écrite par Doug Moench et dessinée par Mike Ploog avec parfois quelques pages signées Tom Sutton ou Herb Trimpe. Cette saga annexe nous plonge dans la longue course poursuite du héros Le chimpanzé Alexander et de son ami humain Jason qui sont confrontés à des Gorilles bioniques, des extraterrestres, des cerveaux en bocaux et bien d’autres joyeusetés en tous genres. Panini prend un risque calculé avec des épisodes parus dans la revue de LUG mais surtout avec les inédits en France. Le format vgéant est respecté et surtout le noir et blanc d’origine demeure, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Comme pour « Les Chroniques de Conan » certaines page sont quelque peu délavées ce qui est dommage. Mais, on ne va pas se plaindre car il aura fallu attendre plus de quarante ans pour revoir et redécouvrir cette série légendaire. Si les adaptations des films n’apparaissent nullement dans ce volume, elles seront bien présentes dans les suivants.

Avec ces cinq titres on a de quoi faire dans la lecture de classiques Marvel. Du barbare avec Conan, des Super Héros avec Les Fantastiques et les Défenseurs, de l’espionnage avec Nick Fury et de la SF avec Planète des Singes. De quoi passer de bons moments.

Avec l’intégrale de luxe de « Planète des Singes » reprenant la série annexe « Terreur sur la Planète des Singes », on a plaisir à retrouver les dessins de Mike Ploog qui a œuvré sur nombre de titres Marvel comme « Le monstre de Frankenstein », « Le Loup Garou ». Il a créé le visuel de « Ghost Rider » ainsi que celui de « L’Homme Chose ». Il signé une kyrielle de titres pour la maison des idées. Mais il a par la suite œuvré pour le cinéma et çà on le sait moins. Par exemple, il a travaillé avec Ralph Bakshi pour deux longs métrages d’animation « Les Sorciers de la Guerre » (Wizards) et surtout « Le Seigneur des Anneaux ». On le trouve aussi au générique en tant que storyboarder de « Métal Hurlant ». Il a beaucoup œuvré dans le cinéma comme « Superman III » (Richard Lester), « Supergirl » (Jeannot Szwarc) ou plus récemment « Titan A.E. », le premier « X-Men » ou encore « K-19 » (Kathryn Bigelow). Mais on a la surprise de découvrir sa participation en tant que designer pour « Moonwalker » le film avec Michael Jackson et so travail dans le storyboard de « The Thing » de John Carpenter

Comme quoi, le monde a beau être vaste, l’univers a beau être immense, tout se recoupe.