Cette semaine je vais vous parler de la musique d’une série devenue en quelques années l’une des plus populaires outre-Atlantique.
Avec le dernier épisode de mi-saison, dimanche dernier coïncide la sortie en vinyle de la B.O. de « The Walking Dead », série diffusée sur AMC aux USA et le lendemain en France sur OCS Choc.
Si la série existe déjà depuis 8 saisons, ce n’est seulement que cette année que la musique est officiellement éditée en support physique, tout d’abord en CD, mais surtout depuis maintenant quelques jours en vinyle.
Et avec cette musique à mi-chemin de l’orchestral et de l’électronique, on comprend que la B.O., la VRAIE est une suite de morceaux instrumentaux spécialement composés pour coller à l’image soutenant ainsi l’émotion, l’action ou la contemplation.
Une série télé est, au même titre qu’un film, une réalisation à part entière qui demande là aussi une ambiance sonore et une musique originale spécialement composée.
S’il y a des éditions de bandes originales de films, il n’y a pas de raison de ne pas faire de même pour les séries.
En effet, si l’on cherche bien, on peut trouver de nombreuses éditions CD de séries télé et surtout des séries américaines. Mais l’édition de B.O. de séries récentes est assujettie au succès de cette même série.
Quand « Walking Dead » arrive sur AMC il y a huit ans, le public est surpris par l’originalité télévisuelle de cette production. Il faudra pourtant attendre plusieurs années pour décider d’éditer le soundtrack d’abord sur les plateformes de téléchargement puis en CD, mais aussi (et surtout) en vinyle.

Je ne vais pas vous parler de la série, car ce n’est pas le sujet, mais on peut néanmoins mettre en évidence l’atmosphère post-apocalyptique pesante qui caractérise ce genre très particulier. L’omniprésence des zombies n’est pourtant pas ce qui fait de « Walking Dead » le caractère principal de cette production risquée à ses débuts. Non, c’est l’étude psychologique des personnages en situation de survie constante qui tente de reconstruire une société qui en ait l’attrait de la série. On découvre alors que les véritables monstres sont en fait certains survivants qui en profitent pour instaurer la terreur sur les restes d’une humanité déclinante.
Adaptée du comics au succès mondial du même titre, cette série s’en inspire profondément tout en changeant de nombreux points afin d’avoir un certain suspense. Les personnages sont légèrement différents. Certains sont en vie alors que leur version papier a disparu depuis longtemps … et inversement. Ces nombreux aspects similaires et différents sont un choix judicieux de la part du créateur du comics qui officie également sur la version TV.

Quand la série « Walking Dead » a été mise en chantier, il parut évident que l’atmosphère globale devait être sombre et pessimiste jusqu’à la musique d’ambiance … la bande originale.
La seule référence de qualité dans le genre « Zombie » demeure les films de George Romero. Si avec « La nuit des morts-vivants, le réalisateur utilisait les bandes d’illustrations musicales issues du catalogue Capitol Records, il se fera convaincre par le producteur Dario Argento d’utiliser le groupe italien Goblin pour la musique de « Zombie ». A partir de là, George Romero comprend la puissance de l’utilisation d’une musique originale spécialement composée pour insuffler la bonne ambiance à ses œuvres et la musique électronique de John Harrison (son assistant-réalisateur) sur « Creepshow » et « Le Jour des Morts Vivants » marque à jamais le genre.
Mais la mode électronique pour les musiques de film s’amenuise avec le temps et surtout avec la baisse notable de qualité dans les compositions, et le retour en force de la musique orchestrale vient alors poser de nouvelles bases. Ce n’est que dans les années 2000, que les synthétiseurs reviennent avec de nouveaux compositeurs qui ont eu l’intelligence d’apprendre des erreurs du passé pour livrer des scores de qualité. Mais c’est surtout les arrangements mêlant ses instruments hi Tech avec des orchestres qui vont conduire à un genre musical plus subtil. Ainsi avec « Tron l’Héritage », le groupe français Daft Punk offre un équilibre savamment dosé entre ces deux mondes musicaux. S’ensuivent des musiques étonnantes comme « Oblivion » par M83 ou encore « Le livre d’Eli » par Atticus Ross. Cette année, l’exemple type de l’équilibre parfait entre les arrangements orchestraux et les synthétiseurs est sans nul doute la B.O. de « Ghost in the Shell » de Lorne Balfe.
A la télévision, on suit un peu le mouvement et l’on trouve alors de nombreuses séries avec ce même genre de musiques. Si on mise sur la nostalgie des anciens sons synthétiques avec « Stranger Things » et « Mr Robot » (je vous en ai parlé il n’y a pas si longtemps), les producteurs optent également pour l’équilibre électro-orchestral et ainsi on trouve notamment Paul Haslinger (ex-Tangerine Dream) sur de nombreuses productions TV comme « Sleeper Cell », « Pointman », « Cheaters » et plus récemment « Halt and Catch Fire » et « Fear the Walking Dead ».

Mais ce genre musical mariant deux univers sonores très différents a été introduit à la télévision il y a fort longtemps avec surtout les musiques pour « K 2000 » de Stu Philips ainsi que celles de « Babylon 5 » de Christopher Franke autre transfuge de Tangerine Dream.
C’est donc cet équilibre orchestral et électronique qui va être choisi pour la musique de « Walking Dead ».
La production a alors l’embarras du choix en ce qui concerne les compositeurs officiants dans ce style très particulier, et parmi tous ces virtuoses, c’est Bear McCreary qui se voit élu pour élaborer l’ambiance musicale sombre de cette série dont on croit au succès à venir (à juste titre comme on le constate maintenant depuis huit ans).
Bear Mc Creary va alors composer une musique atmosphérique teintée de thèmes orchestraux avec un apport subtil des synthétiseurs. Cette production est quelque peu éloignée de ses précédentes compositions tout en conservant l’essence même de son style.

Né en février 1979 à Fort Lauderdale en Floride aux USA, Bear Mc Creary se met très tôt à la musique en parallèle à ses études au collège de Bellingham dans l’état de Washington. Il s’inscrit par la suite l’École de musique de Thornton à l’Université de Californie du Sud où il devient très vite un pianiste classique confirmé et un étonnant accordéoniste autodidacte. Il a parmi ses professeurs Elmer Bernstein. Bear McCreary va être sollicité pour réarranger et réenregistrer la musique du film de Bernstein pour « Les rois du Soleil » (Kings of the Sun) réalisé par Jack Lee Thompson en 1963 et avec Yul Brynner. C’est cet enregistrement qui va être alors édité puisque l’enregistrement original était dès le début irrémédiablement perdu.
C’est en 2003 que le premier travail de compositeur de Bear McCreary se profile avec la nouvelle version de la série « Battlestar Galactica ». Le pilote de 3 heures se voit alors pisté par la musique de Richard Gibbs avec l’assistance de McCreary. C’est son travail qui va être remarqué et qui va le conduire à devenir le compositeur principal de la série régulière sur les 4 saisons et les téléfilms. Les producteurs lui font de nouveau confiance pour les spins off « Caprica » ainsi que « Blood & Chrome ».
Ses musiques sont alors remarquées par d’autres producteurs et Bear McCreary se voit confier les scores d’autres séries comme « Human Target », la nouvelle version de « V », « Agents of S.H.I.E.L.D. » et bien d’autres.
C’est tout naturellement que l’on fait appel à lui pour composer la B.O. d’une nouvelle série adaptée d’un comics à succès « The Walking Dead ».

Bear McCreary va composer pour « Walking Dead » une musique à l’ambiance majoritairement orchestrale, mais avec l’apport de sons électroniques qui ponctuent certains passages où qui installent une ambiance très sombre et pessimiste. La musique de « Walking Dead » est aussi une suite de petits morceaux symphoniques parfois mélancoliques avec la présence d’un piano qui se fait pourtant discret.

Le succès de la série est au rendez-vous, mais il faut attendre plusieurs années pour que la production décide d’éditer la musique. A l’époque où la série fut diffusée pour la première fois, les musiques étaient rarement éditées en CD et encore moins en vinyle.
En effet, les producteurs ne pensent pas à ce moment-là que le public est demandeur de B.O. de séries. Le marché du soundtrack est alors quelque chose de relativement marginal, car pour beaucoup de gens, et surtout le grand public, la B.O. est une compilation de chansons dont certaines apparaissent à peine quelques secondes dans un film ou alors sont utilisées comme générique de fin. Parfois même elles n’apparaissent nullement et font partie de la compilation en question simplement pour remplir un CD et vendre … et c’est tout.
Ce regrettable phénomène provoqué par les grosses majors et les grands distributeurs qui suivent comme des moutons (FNAC en tête) a pour effet de torpiller le marché de la B.O. et seuls les connaisseurs continuent à suivre ce courant musical unique. Ce matraquage commercial a pour effet de tuer à petit feu le véritable marché de la B.O. dont de nombreuses pépites ne demandent qu’à émerger.
C’est avec les téléchargements de scores complets qui apparaissent sur Internet que les producteurs commencent à comprendre qu’il y a un public pour le marché de la VRAIE bande originale.
Alors on voit émerger des labels comme Intrada, Invada, La La Land Records, Death Waltz Records, One Way Static et de nombreux autres, sans oublier les éternels Varèse Sarabande et Milan Records.
Parmi ceux-ci on trouve Lakeshore Records qui se fait vite un nom avec l’édition en CD puis en Vinyle de nombreux titres à succès comme « Stranger Things », « Mr Robot », « Wind River » et bien d’autres.
En voyant ce nouveau mouvement de l’édition de soundtracks, les producteurs de « Walking Dead » décident alors de suivre et livrent avec Lakeshore Records un CD puis, le mois dernier un double vinyle de la B.O.

Cette édition regroupe des morceaux choisis issus des différentes saisons de la série. Ainsi on trouve des pièces du tout début de la saga, mais également le thème du Gouverneur ainsi que celui de Negan.

Si les CDs se trouvent relativement facilement … par exemple on en trouve à la FNAC ou chez Gibert, les vinyles sont quant à eux assez peu disponibles et seuls les disquaires indépendants arrivent à en avoir.

Dans la série, comme dans le comics on trouve des personnages emblématiques, notamment chez les méchants de l’histoire. Le Gouverneur est sans nul doute l’un des protagonistes les plus marquants de la saison 3 ou ce personnage mythique était campé par le Britannique David Morrissey
Mais il y a un autre acteur dans la série qui s’est fait remarquer dans les deux premières saisons.
Le personnage de Shane, le rival et ami de Rick a marqué les spectateurs grâce à l’interprétation sans faille de Jon Bernthal qui en ce moment connait un succès mérité dans le rôle-titre du « Punisher », série Marvel Netflix disponible depuis début novembre.

Comme quoi, le monde a beau être vaste, l’univers a beau être immense, tout se recoupe.