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Troll Hunter
Sortie le 27/07/2011
De : André Øvredal
Avec : Otto Jespersen, Johanna Mørck…
Aventure, Found Footage, Drame disponible en Blu-Ray pour ~10€ et DVD & VOD

Troll Hunter est un found footage norvégien nous emmenant sur les pas de 3 compagnons, étudiants en cinéma, qui partent à la recherche de traces de Trolls dans la nature sauvage du Nord scandinave.

Présenté comme un documentaire-choc, filmé caméra à l’épaule, le film est, sur sa construction, relativement similaire au fameux projet Blair-Witch, qui se retrouve d’ailleurs cité sur le boîtier du Blu-Ray. Similitudes assumées donc, même si l’essai nordique abandonne l’aspect horrifique pour un halo folklorique pas désagréable tout en sachant conserver une pointe de suspens et de frissons.

Nous partons donc, au travers de ce faux documentaire, à la rencontre de 3 jeunes étudiants en cinéma cherchant un sujet de fin d’études du côté de mystérieuses attaques d’Ours dans le nord de la Norvège. Leurs contacts avec les chasseurs locaux qui déplorent les dégâts causés par les prédateurs vont les amener à enquêter sur un mystérieux braconnier laissant partout où il passe des cadavres d’ours.

Après un travail de filature plus ou moins bien mené, les étudiants se retrouveront face à une étrange vérité : les Trolls existent et se déplacent quasi librement en Norvège, malgré une régulation de fer.

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Le scénario fleure bon la série Z vintage et kitch, mais cache un potentiel réel, et amène un déroulement pas si tiré par les cheveux que cela. Le film avance en creusant son histoire et s’il semble bancal dans les premières minutes, plus les minutes passent, plus on ressent le travail réalisé autour de l’œuvre et sa « crédibilité » (mot compliqué à employer au sujet d’un film fantastique ) qui efface peu à peu le sentiment d’amateurisme original.

Un point sur le ton donné à l’humour du film : effectivement si l’œuvre se veut sérieuse par son coté « documentaire », un certain nombre de piques humoristiques faussement naturelles sont glissées au travers des scènes, et le ton tire clairement du côté de l’humour noir en se moquant quelque peu du puritanisme religieux des chrétiens, et en pratiquant l’humour macabre et la satire sans trop de gêne.

Le long métrage s’appuie sur un background très folklorique. Les Trolls étant bien ancré dans l’esprit collectif scandinave, il n’hésite cependant pas à revisiter le mythe en les rendant plus bestiaux qu’humains. Le suspens entourant leur découverte est d’ailleurs bien dosé dans le film puisque la première apparition prend son temps avant de se dévoiler. Une fois celle-ci passée, nous sommes ensuite curieux de découvrir les différents types de monstres. De ce côté d’ailleurs on est servi : le film n’est pas avare en monstres, et s’il sait ménager la première apparition ce n’est pas par radinerie. Un autre point appréciable étant les détails apportés, sur leur mode de vie, leur anatomie, leurs spécificités… On sent la volonté de rendre le faux docu très « professionnel », ce qui apporte au cachet du film.

Le suspens et la montée en adrénaline des scènes d’actions sont plutôt bien gérés, et même si on n’évite pas quelques moments très prévisibles, préliminaires à quelques essais de jump-scare, l’ensemble tient également la route. Il faut dire que pour un found-footage, j’ai trouvé l’ensemble plutôt bien filmé, si on ressent bien l’effet « caméra à l’épaule » et « journalistique » tout au long du film, cela ne tombe jamais dans l’excès type caméraman atteint de la maladie de Parkinson…

De ce côté il faut aussi noter l’excellence des lieux de tournage : si les forêts où se passe une partie de l’action rappellent justement le Projet Blair Witch sans être exceptionnelles, les scènes tournées sur la route nous offrent des panoramas à couper le souffle ! Tourné au Nord Est de la Norvège, nous avons le droit à des plans de Fjords encore enneigés, mais aussi quelques routes de montagne et à des vallées offrants des couleurs sublimes. L’équipe de tournage se serait d’ailleurs arrêtée le long des routes pour rajouter ces scènes au fur et à mesure des différents lieux de tournages du film, et cela apporte un réel charme et un dépaysement incroyable.
Puisque l’on en est à l’aspect visuel, le second point important derrière les lieux, est le traitement des effets spéciaux. Ceux-ci sont honnêtes, très loin d’êtres transcendants, ils s’en sortent malgré tout, et, compte tenu du budget, ne sont pas à blâmer.

Niveau casting, le film fait un peu peur au début, avec des acteurs sentant quelque peu l’amateurisme, et paraissant sur-jouer légèrement les personnages, notamment pour le rôle de Tomas le « leader » de la bande d’étudiants, et pour Hanz le chasseur taciturne. Ce sentiment, tout comme les réserves que j’avais concernant le charisme général de l’œuvre, s’efface au fil du déroulement. Sans aller jusqu’à s’attacher aux personnages, qui restent malgré tout relativement clichés, on suit leurs péripéties avec attention, et c’est donc un bon point pour ces acteurs locaux.
Les petits rôles d’ailleurs semblent joués par de vrais habitants norvégiens, comme s’ils étaient réellement interviewés pour un documentaire, et c’est assez amusant.

Film Title: Troll Hunter

Pour ceux ayant déjà lu certaines de mes critiques, vous ne serez pas surpris si je vous dis que la musique du film ne m’a pas marqué, en grand étourdi que je suis, mais ici c’est pour une autre raison : elle est peut-être bien inexistante, le mélange issu des bruits quotidiens de l’équipe, des sons de la nature omniprésente, et des bruits des Trolls suffisent à composer la bande son, et cela sans jamais nous faire ressentir le manque ou le besoin d’une composition qui viendrait soutenir l’action.

C’est donc un film relativement appréciable que j’ai découvert, content de l’ajouter à ma collection, il saura divertir petits et grands, car, même si certaines scènes tirent sur le coté « frisson » ce film me semble tout à fait visible par tous. Il apporte une réelle fraîcheur à ce que l’on a l’habitude de voir dans les catégories aventure ou même horreur.

Et puisqu’il s’agit d’un Blu-ray et non d’une sortie cinéma, j’ajoute quelques points sur la qualité du produit en lui-même.
En commençant par la qualité d’image, qui sans être bluffante, n’est pas loin de la perfection pour les scènes diurnes. On subit en revanche une très forte présence du bruit (image très granuleuse, entraînée par un excès de netteté, qui la dégrade tout autant que si elle était floue) lors des scènes nocturnes, cela ne gâche cependant pas du tout le film, et je suis prêt à parier que cet effet est volontaire pour accentuer le côté amateur de l’ensemble.

Pour le son, le rendu 5.1 enveloppe bien le spectateur, et l’on se sent presque traqués nous aussi par les créatures. Je ne peux pas en dire beaucoup plus du fait de la modestie de mon installation, mais cela ravira la grande majorité des foyers.

Pour terminer si le disque nous offre quelques scènes coupées, et divers bonus centrés sur le folklore des Trolls qui ont le mérite de prolonger l’expérience pour ceux qui le souhaiteront, il faut noter que ceux-ci ne sont ni doublés, ni sous-titrés, et que vous devrez donc les apprécier en norvégien brut.

Trouvable pour une dizaine d’euros sur Internet et même en magasin, je recommande donc chaudement (même si ce n’est pas de circonstances) ce film original.