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Résumé

Peter Quill (Chris Pratt) est un aventurier qui adore le risque. Sans le savoir, ce dernier a pris le plus gros de sa carrière : un globe mystérieux. Cet objet est convoité par un certain Ronan (Lee Pace), un être extra-terrestre très puissant qui menace l’univers. Lorsque Peter découvre les immenses pouvoirs de cet artéfact, et par un concours de circonstances, il constitue une équipe de fortune composée de quatre personnalités fortes : Rocket (Bradley Cooper) un raton laveur chasseur de primes, Groot (Vin Diesel), un arbre géant qui est son garde du corps, Gamora (Zoe Saldana), une femme fatale, et Drax le Destructeur (Dave Bautista), qui ne désire rien d’autre que de se venger.

Introduction

C’est un secret pour personne : Marvel Studios inonde les salles obscures avec les films de superhéros. En moins de dix ans, la compagnie a su porter à l’écran ses principaux comics et à les lier entre eux pour donner non seulement une réunion sacrément jouissive d’une rencontre de superhéros au sommet, mais aussi pour créer le fameux univers Marvel. Le paysage cinématographique a été nettement transformé avec cette arrivée en force des personnages héroïques. Il faut dire que la présence Marvel est très forte au cinéma : un nouveau film tous les six mois en salle, avec une cadence qui promet de s’accélérer jusqu’à quatre films dans quelques années. Comment s’assurer d’un tel succès film après film, en misant beaucoup d’argent sur des effets spéciaux onéreux et des acteurs qui le sont tout autant ? En créant une recette, applicable à tous les films de la franchise, fondée sur l’action, l’humour, le spectaculaire et un scénario ciselé grand public.

À propos du réalisateur

C’est dans un tel contexte de « sécurité de production » que l’arrivée de James Gunn sur un projet tel que « Les gardiens de la galaxie » paraît surprenante. Qui est James Gunn ? Gunn est un réalisateur au parcours assez atypique. Il a commencé chez Troma, firme indépendante du cinéma américain. La Troma est une branche underground du cinéma, créée par Lloyd Kaufman et Michael Herz pour proposer au public une vision très différente du classique hollywoodien. La particularité de la firme réside dans ses productions gores, à l’humour très basique et à l’amateurisme technique assumé sans complexe. L’un des représentants les plus emblématiques reste « Toxic Avenger », un homme défiguré après être tombé dans des produits toxiques et qui aide les innocents dans sa propre ville, nommée « Tromaville ». Ça ne s’invente pas ! C’est alors que James Gunn a travaillé en qualité de scénariste sur une production Troma nommée « Troméo et Juliette », relecture parodique gore du « Roméo et Juliette » de Shakespeare. Il a acquis un humour très particulier, qui se ressentira dans sa carrière, en participant à une websérie nommée « PG- Porn », dans laquelle il se moque des scénarii de films pornographiques avec ses deux frères, et en participant au court métrage et à l’humour très gras « My movie Project ». Mais James Gunn possède beaucoup de maîtrise. Il le démontre en réalisant le film d’horreur « Horribilis », où il pose sa mise en scène ou en écrivant le scénario de « L’armée des morts » de Zack Znyder. Il se révélera en tournant « Super », un film de superhéros qui s’installe dans la réalité, où il déjoue certains clichés des films de genre. Le film se révélera être un succès critique et public. James Gunn apparaît donc comme un réalisateur anticonformiste, original dans son approche du cinéma et possède une vision très personnelle qu’il met au service du spectateur afin qu’il passe un bon moment de fun absolu devant l’écran.

Un réalisateur, une vision du film, un vent d’originalité

Au regard de la filmographie de James Gunn, le choix de ce dernier par Marvel Studios paraît surprenant. Là où des réalisateurs plus conventionnels ont été choisis, l’américain débarque dans l’aventure. Qu’apporte réellement James Gunn aux « Gardiens de la Galaxie » ? Tout d’abord, il y apporte son savoir-faire en tant que scénariste. Le réalisateur ayant acquis des bases solides en écriture, ce dernier démontre encore qu’il a beaucoup de capacités. Effectivement, dès le début du film, le parti pris du réalisateur de présenter l’histoire de Peter Quill, du terrien, est une approche judicieuse. Pourquoi ? Il est toujours compliqué de faire adhérer un large public à un space-opéra, car l’univers reste éloigné de notre réalité et l’identification aux personnages, à l’univers et aux enjeux est donc plus difficile. En choisissant de présenter l’histoire de l’aventurier, le spectateur peut prendre ses repères en douceur, avec une situation bien connue de tout le monde (la mort d’un être cher) et deux thèmes partagés par un grand public (la mort et le deuil). Le public adhère donc très rapidement à l’histoire, qui se veut touchante. La première scène se passe sur Terre, donc un décor connu par tout le monde. De ce fait, le public se projette dans l’univers sans mal. Dès lors, quand la trame se développe et que des éléments de science-fiction sont emmenés, le spectateur n’est pas noyé dans les informations ni perdu. Cette technique prouve que Gunn possède une certaine finesse d’écriture et une grande intelligence pour agencer ces éléments scénaristiques pour prendre en compte le spectateur.

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À cela, on peut ajouter que Gunn a posé une vision humoristique au film. En effet, le comics d’origine possédait un peu d’humour, mais contenait un ton assez sérieux dans l’ensemble. Le réalisateur a imposé un humour très présent, afin de faire adhérer le plus large public possible à ce space-opéra spatial. C’est alors que Gunn s’amuse à tordre le cou à beaucoup de clichés de certaines scènes du cinéma américain (formation de l’équipe, désamorçage d’une situation délicate, confrontation avec le méchant, etc…) avec beaucoup de panache. Le comique de situation est un élément central du film, mais pas le seul. En effet, l’humour du film passe également par les dialogues. Que ce soit les boutades et autres insultes envoyées par les membres des Gardiens entre eux ou à d’autres personnages, l’humour langagier est toujours présent et arrive toujours au bon moment pour apporter un sas de décompression entre deux scènes d’action. Ce rythme soutenu d’humour, à la fois langagier et de situation, apporte une certaine décontraction au film, du fun en barre dont on se délecte avec délice en poursuivant l’aventure.
Pour finir, l’humour est emmené également par les personnages. Effectivement, la personnalité des Gardiens est bien trempée, avec un caractère fort, mais surtout incompatible au départ. En effet, les personnages n’arrivent pas à cohabiter ensemble durant une bonne partie du film car leur caractères sont différents : Quill est vantard et audacieux, Drax est limité intellectuellement et ne sait répondre à une situation que par la violence, Gamora est monolithique et froide, Rocket est bavard et débrouillard, Groot ne sait dire que trois mots et est une force tranquille. Que ce soit par l’incapacité des personnages à communiquer normalement entre eux ou l’impossibilité de trouver un terrain d’entente, cette constante instabilité du groupe nous emmène des moments de rigolades bien prononcés et très drôles. On retrouvait un peu la même recette dans « Avengers », où l’équipe de superhéros ne s’entendait pas à cause de leur ego surdimensionné, et finissait par s’entendre assez rapidement. Dans ce film, nous avions une décontraction présente, mais le ton du film et des personnages restaient sérieux : leur statut de superhéros ne leur fait pas oublier leur condition de sauveur de l’humanité et leurs problèmes. Dans « Les gardiens de la galaxie », les personnages sont très différents : ils n’ont rien à perdre en s’embarquant dans cette aventure. Ce sont des laissés pour compte de la Vie, qui ont tout perdu, et dont leur seule chance de se racheter est de sauver l’Univers. Cette équipe de fortune devient, alors, le théâtre de bon nombre de moments de rires. Avec tous ces éléments, on peut donc dire que la décontraction générale du film est assumée par le réalisateur et emmène du fun pour le spectateur afin qu’il profite d’un métrage drôle et à la tonalité légère. Même si le film reste comique dans une grande partie, il possède également quelques petits moments tragiques, intimistes, touchants qui contrebalancent avec les scènes drôles. « Les gardiens de la galaxie » est donc un blockbuster parfait, au rythme implacable et à l’ambiance atypique soignée. James Gunn fait un énorme clin d’œil aux films d’action américains des années 80, qui étaient à la fois drôles et décontractés en proposant des scènes d’actions hallucinantes sans jamais se prendre au sérieux en réalisant ce film.

La musique, un personnage à part

« Les gardiens de la galaxie » est un film atypique, possédant un univers particulier, et c’est par la musique et son utilisation que l’un des tours de force du film a été réalisé. Dans un space-opéra comme « Star wars » par exemple, la musique utilisée par John Williams a été une musique symphonique emphatique qui accompagnait les péripéties et les émotions proposées la saga.
Dans « Les gardiens de la galaxie », James Gunn opère un choix aussi surprenant que génial : il utilise de la musique des années 70. Cela peut paraître très surprenant pour un film de genre, mais l’ensemble tient la route. Explication. Le jeune Peter Quill, dans la première scène du film, se fait enlever par des extraterrestres dans les années 80 sur Terre. Plus tard, le personnage a gardé son vieux walkman, souvenir de sa Terre natale, et une cassette audio d’une compilation de musiques des années 70, souvenir de sa mère, à laquelle il est fortement attaché. Dès lors, le choix surprenant de cette bande originale est justifié à l’écran dans le scénario : la musique devient un personnage important du film. Ainsi, elle devient très présente à l’écran, dans beaucoup de scènes, et contribue à élaborer une ambiance tout en décalage avec l’univers proposé : voir des vaisseaux spatiaux se déplacer au rythme de « Cherry Bomb » des Runaways est un pur délice pour les oreilles !
Plus encore : la musique se manifeste physiquement dans le film. Le film use et abuse des points de synchronisme (PDS) : c’est lorsque la musique et le film se rejoignent parfaitement en un point pour faire plus qu’un, ce qui emmène un effet efficace à l’écran pour le spectateur. Petit exemple : lorsque les gardiens arrivent en prison, on peut voir quatre ou cinq plans qui présentent la prison. Ces derniers sont accompagnés par la chanson « Hook on the feeling » de Blue Swede. Puis, pour compléter cette scène d’introduction, la caméra revient sur Peter Quill avec un plan rapproché à l’épaule. À ce moment-là, le personnage reçoit une canette sur la tête, et la musique s’arrête à ce moment précis : ceci est un PDS. Durant ces moments, la musique fait corps avec l’image, se rejoignant en un point et apporte de l’efficacité à la scène. L’ambiance devient alors atypique et marquante, avec une musique aussi présente et un choix des plus surprenants.

À noter que la bande originale possède vingt-neuf chansons composées par Tyler Bates qui accompagnent les scènes d’action ou de suspense, et même des scènes mineures du film. Cette composition se révèle particulièrement efficace, bien qu’un peu trop discrète par rapport à la compilation 70’s.

Grandes scènes d’actions pour effets spéciaux léchés

Bien sûr, on ne peut pas parler des « Gardiens de la galaxie » sans aborder les scènes d’actions. Ces dernières se révèlent donc nombreuses (blockbuster oblige) et vraiment fun. Elles restent lisibles, tournées en majorité avec des plans larges et américain, ce qui laisse une certaine souplesse à la lecture. Il est à noter que certains combats restent un peu fouillis et flous. Les scènes faisant intervenir des vaisseaux spatiaux sont moins nombreuses (on peut en compter deux) et font intervenir les effets spéciaux, sans que ces derniers les noient : c’est un bon point.
Quant aux effets spéciaux, ils se révèlent nombreux et bien réalisés. Ils apparaissent bien lissés et incrustés dans les prises de vues réelles. L’univers du film devient donc crédible. Il est à noter que le personnage de Rocket est entièrement numérisé, tout comme le personnage de Groot. Ces deux gardiens forment une prouesse technique à eux seuls. Pour Rocket, qui est un raton laveur, on peut se rendre compte du travail réalisé en postproduction en regardant les poils et les moustaches de ce dernier : ils flottent de manière crédible et bougent de façon réaliste. C’est un travail de grande qualité ! Le spectateur a vraiment l’impression d’être en face d’un véritable raton-laveur, surtout qu’il est très bien incrusté dans les prises de vues réelles, en touchant les acteurs ! Quant au personnage de Groot, qui est un humanoïde ayant la forme d’un arbre, il est également bien incrusté dans les prises de vues réelles et est très crédible à l’écran. Le réalisme est vraiment mis en avant avec le travail sur les effets spéciaux, c’est du grand travail.

Un casting fun et complet

Parlons du casting à présent. Pour l’interprète de Peter Quill, James Gunn a choisi Chris Pratt, un acteur habitué aux comédies et aux films d’horreur de seconde zone. En le choisissant, le réalisateur veut donner une forte personnalité comique pour développer son parti pris humoristique. Chris Pratt relève haut la main le défi, sachant être drôle et touchant quand il le faut de manière crédible. Peter Quill est sans doute l’un des meilleurs rôles de Chris Pratt à l’heure actuelle, qui lui vaudra sûrement de grands rôles dans la suite de sa carrière. Pour les autres gardiens, on peut parler du personnage de Gamora, interprété Zoé Saldana. Cette actrice est habituée aux blockbusters, en ayant joué dans « Star Trek » et sa suite et dans « Avatar », ainsi que ses deux suites qui arriveront dans quelques années.Ici, Saldana est méconnaissable, avec son maquillage très important, constitué de prothèses très imposantes. Malgré ça, elle arrive à rendre crédible son personnage, mais n’arrive pas à rendre attachant son personnage. Dommage ! Pour le rôle de Drax le Destructeur, le choix judicieux de Gunn s’est porté sur Dave Bautista, ancien catcheur de la fédération WWE. Drax est un concentré de force brute, ayant un intellect limité. C’est avec beaucoup d’autodérision que Bautista endosse ce rôle et fait rire le public, confirmant ainsi qu’il devrait passer plus de temps devant la caméra que dans un ring de catch à l’heure actuelle. Pour les deux autres gardiens, l’histoire est particulière. Vin Diesel prête sa voix à Groot et Bradley Cooper à Rocket. Les deux acteurs ne sont pas physiquement présents sur le plateau, mais arrive à rendre attachants et crédibles leur personnage respectif. Mention spéciale à Vin Diesel : il n’a que trois mots à dire, avec des intonations différentes et arrive, cependant, à rendre attachant son personnage.
Pour les autres acteurs, on peut noter la présence de Michael Rooker, dans un rôle taillé sur mesure pour lui et qui lui change les idées entre deux saisons de Walking Dead. Lee Pace interprète Ronan, et donne le minimum syndical dans son rôle de méchant, sans apporter de nuance. Benicio Del Toro et Glenn Close sont présents dans deux petits rôles, mais rendent leur personnage crédible. Il est dommage qu’on ne les voient pas davantage à l’écran. John C. Reilly campe bien son rôle et apporte quelques bonnes répliques humoristiques.

Conclusion

Pour conclure, « Les Gardiens de la galaxie » est un film atypique dans le Marvel Universe et un pari risqué également. Il faut savoir que Marvel Studios a voulu lancer la franchise des « Gardiens de la galaxie » en étant conscient de prendre un risque : soit le public adhère et c’est un succès, soit ce dernier le boude et la phase deux du Marvel Universe continuera avec un échec cuisant. Il était donc important d’opérer les bons choix afin de ne pas produire un navet. Mais la firme s’en sort avec brio en engageant James Gunn, qui a opéré des choix artistiques judicieux, tant au niveau du scénario, que du casting et de la musique. Les « Gardiens de la galaxie » est un blockbuster décontracté, possédant un rythme fondé sur l’humour et l’action effrénée, hommage aux films d’actions américains des années 80, au choix musical surprenant, mais judicieux et intelligent, aux effets spéciaux léchés, au casting impeccable et au scénario malin. Le Monde entier a succombé aux gardiens, pourquoi pas vous ?

Ze info en plus

Vin Diesel prête sa voix à Groot et n’a que trois mots à dire. Pour les versions internationales, l’acteur a réalisé lui-même le doublage dans toutes les langues !