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Date de sortie : 25 septembre 2013
Réalisé par : Woody Allen
Avec Alec Baldwin, Cate Blanchett, Sally Hawkins

Jasmine est une grande bourgeoise de New-York dont le mari, Al, est un trader dans la lignée de Madoff, il fait des affaires en profitant de l’argent de ceux qui sont attirés par des bénéfices mirobolants et monte un système pyramidal d’escroquerie. Jasmine vit heureuse, ne voulant surtout pas ouvrir les yeux et méprisant sa soeur Ginger, en fait sa soeur d’adoption car elles sont toutes eux issues de l’assistance publique, mais Ginger a appris à se contenter de peu alors que Jasmine a l’ambition dévorante de réussir sa vie et est obnubilée par tous les signes extérieurs de la réussite, même si elle ne possède pas de Rolex. Chacune est à sa place, Jasmine dans son rôle de femme comblée par le destin, Ginger dans celui de looser comme aime à le lui rappeler sa soeur.

Tout va très bien, et c’est soudain la catastrophe, le système pyramidal de Al s’effondre en un instant et Janet, pardon Jasmine ainsi qu’elle s’est renommée pour faire plus snob, se retrouve à la rue, avec juste son sac Hermès et deux valises Vuitton. C’est là qu’elle se souvient que Ginger mène sa petite vie de looser à San Francisco et elle débarque donc chez elle car elle est trop fauchée pour pouvoir se payer un petit loyer.

Il va y avoir dès lors deux histoires parallèles, une pour chaque soeur, Ginger suivant la trajectoire de Jasmine, mais un cran, voire deux en dessous, car Jasmine ne se résigne pas, elle veut avoir une seconde chance et elle met dans la tête de cette brave Ginger de quitter son type, Chili, un mécano, un looser donc. Tous les rôles sont merveilleusement interprétés, et Chili avec sa mèche qui lui retombe sur le front, ses tatouages sur ses gros bras, sa vulgarité, ses clins d’oeil appuyés, ses colères de faux dur, ses pleurs de gosse qui a perdu son jouet, est inénarrable.

Donc Jasmine se bat. Elle aura sa seconde chance, un type chouette mais pas assez bien quand même qui est dentiste. Elle veut revenir dans la haute société, la upper middle class ne l’intéresse pas. La chance semble sourire enfin à chacune des deux. Jasmine rencontre l’homme qu’elle recherche, le regard vainqueur, la diction mordante et distante, plein de fric, ayant des ambitions politiques, bel homme, bref la quarantaine séduisante, celle qui justement ne reste jamais très longtemps en quarantaine.

Et Ginger croit aussi pouvoir améliorer son destin de caissière femme de mécano en rencontrant un organisateur de concerts. Tout marche donc très fort pour les deux soeurs jusqu’au grain de sable qui va ruiner ces projets.

Ginger se contentera de son mécano, Jasmine connaîtra la chute finale, celle dont on ne se relève pas.

Tous les personnages sont extraordinairement campés, Al le businessman, Jasmine la grande bourgeoise, Ginger la caissière, Chili le mécano mais aussi les troisièmes rôles avec des réparties follement amusantes dont Woody Allen a le secret.

Un magnifique film, en prise sur la réalité américaine, que vous pouvez voir à l’ABC ou aux Variétés, qui rend à la fois triste et gai car c’est tout Woody, les situations les plus désespérées sont sauvées par l’humour des réparties.